Malgré les potentialités foncières inestimables et les grandes capacités hydro-agricoles, l'accès des femmes à la terre dans la région de Matam reste toujours timide, au regard du nombre assez faible des agricultrices qui ont choisi de s'investir dans le secteur. Ce, malgré la promotion d'une gouvernance foncière inclusive par une amélioration des droits fonciers des femmes de plus en plus visible dans certaines collectivités territoriales qui n'opposent aucune contrainte à l'appropriation de la terre par les femmes ; peu d'entre elles sont des propriétaires terriennes à part entière, à cause des lourdeurs administratives qui plombent souvent le processus d'acquisition.
"C'est plus facile quand les femmes se regroupent en association, en coopérative où en groupement d'intérêt économique", informe Bineta Hanne, la gérante d'une entreprise paysanne rurale, la Société d'Intensification de la Production Agricole (SIPA) de Thiambé, village tampon entre la commune de Ogo et celle de Nabadji Civol. Avant d'ajouter qu'avec la création des SIPA, beaucoup d'avancées ont été notées dans le cadre de la représentation des femmes au niveau des exploitations agricoles.
Au début, poursuit-elle, "l'entreprise se composait de 20% de femmes et de 80% d'hommes. Mais, au fil du temps, les femmes n'ont cessé de démontrer leur bravoure et leurs aptitudes à exercer les travaux agricoles ; ce qui a fini par porter leur représentation à près de 90%". Selon elle, c'est là "tout un challenge que les femmes ont réussi, en bousculant certains préjugés liés aux pesanteurs socioculturelles, pour construire leur présence".
Devenue conseillère municipale et présidente du Réseau des SIPA de la région de Matam, Bineta Hanne dit lutter chaque jour pour un meilleur accès des femmes à la terre. "Aujourd'hui, l'agriculture a connu des innovations importantes qui permettent à la femme de faire de l'agriculture sans difficulté et de changer son train de vie. C'est le travail qui construit la réussite. J'exhorte les femmes à relever le défis, en changeant de comportement, et à se concentrer sur le travail", confie-t-elle.
Avant de magnifier "la promotion d'une gouvernance foncière inclusive portant sur l'amélioration des droits fonciers des femmes que déroulent certaines collectivités territoriales". De son avis, au niveau des communes, les instances de délibération accordent de plus en plus "une suite favorable aux projets agricole des femmes, en leur affectant des terres".