Ile Maurice: Au RCC - la chanson, la polémique et des excuses

La proclamation des lauréats récemment a mis en lumière l'incivisme d'un grand nombre d'élèves de ces collèges dits de l'élite, en particulier ceux du collège Royal de Curepipe, qui, pour célébrer la réussite de leurs camarades, n'ont rien trouvé de mieux que d'entonner une chanson avec des paroles dénigrantes. Le recteur a présenté ses excuses.

La vidéo montrant les élèves du collège Royal de Curepipe (RCC) acclamant leurs lauréats du Higher School Certificate, cuvée 2022, a été visionnée par plus d'un sur les réseaux sociaux et en a indigné plusieurs. On y voit des élèves réunis dans l'enceinte de l'école, instruments en main pour certains, chantant une chanson faisant état de plusieurs ethnies du pays mais avec des paroles dénigrantes, insultantes, voire racistes envers la communauté créole. Des paroles qui heurtent les sensibilités et qui blessent. Plusieurs personnes sont montées au créneau pour dénoncer cette attitude.

Au niveau du RCC, la direction déplore ces faits regrettables. Le jour de la proclamation des résultats, le 10 février, le recteur a tenté d'empêcher les élèves d'entonner la chanson mais ils auraient fait fi de ses directives. Hier, la direction du collège a émis un communiqué pour présenter ses excuses à ceux qui se sont sentis lésés. "(...) we are all deeply ashamed of these actions on the part of those who participated in the incident. The entirety of the RCC family would like to present its most sincere apologies to all those who have been affected by this incident. We are aware that apologies will not change the past, but we will change the future. Henceforth, anyone caught chanting the song in question at RCC will be sanctioned with utmost severity (...) We engage to embark on a sensitisation campaign among our students so that such a situation does not crop up gain. We believe in the power of education to bring positive changes among our youth."

Par ailleurs, "le ministère de l'Éducation a été mis au courant de cette vidéo pro- venant d'une école considérée comme un collège d'élite et elle en a choqué plus d'un. Nous ne cautionnons en aucun cas cette vidéo", affirme une source au ministère. Affirmative Action a, par la voix de Severine Hosseny, commenté cette vidéo sur la page Facebook du mouvement. Pour elle, c'est un problème profond, un exemple illustrant parfaitement le cancer qui ronge notre société. "Quel est le but de cette chanson sans talent si ce n'est pas juste pour heurter et blesser la communauté créole ? Combien de parents et d'élèves souffrent du harcèlement et du racisme en rai- son de l'ethnicité à l'école ?" Aujourd'hui, a-t-elle ajouté, on est arrivé à un stade où les élèves n'ont plus peur de tenir un tel discours devant leur recteur, leurs enseignants, leurs parents et les autres élèves. "Ki zot pé kré? Ki zot respon- sabilité? Enn lékol kot enn zafer osi grav ki sa posib, sé enn lékol kinn fel lédikasion 21e siek ek plizier zénérasion ki pé vini."

Severine Hosseny estime que c'est un devoir de s'élever contre la discrimination et le racisme. Et que le silence rend ceux qui se taisent complices. "Cela contribue à perpétuer le problème. Si c'était une erreur, il faut qu'il y ait réparation et des excuses publiques de la part des responsables concernés. Le racisme, c'est un crime, un délit. Ce n'est pas une opinion."

Aurore Perraud : "Bizin atak problem la dépi so rasinn"

Aurore Perraud figure parmi les personnalités ayant pris position sur cette affaire. Elle se dit outrée par cette vidéo et les propos tenus par ces élèves dans cette chanson. "C'est une institution où les enfants partent pour un apprentissage, où on forge les enfants. Ce n'est pas parce que supposément ces propos sont acceptés en dehors de l'école qu'on doit les accepter dans une institution", déplore Aurore Perraud. Elle ajoute que c'était loin d'être une blague qui existe depuis des années comme beaucoup essayent de le faire croire. Cette chanson porte atteinte à l'harmonie et au tissu social. Elle s'interroge sur le climat qui règne au quotidien dans ce collège, s'inquiétant de la discrimination raciale qui, selon elle, n'est plus sous tapis. C'est la raison pour laquelle hier, en compagnie de ses hommes de loi, l'ancienne ministre a porté plainte au Central Criminal Investigation Department.

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