Madagascar: Journée des droits des femmes - Un 8 mars sous le sceau de la politique

La journée internationale des droits des femmes a eu un arrière-goût de joute politique à distance. De potentiels candidats à la magistrature suprême et leurs partisans ont essayé de tourner à leur avantage les événements inhérents au 8 mars.

Tout est politique. En cette année électorale, cette expression trouve tout son sens. Et la journée internationale des droits des femmes n'y a pas échappé. Les différentes manifestations publiques pour marquer la journée du 8 mars, ont été auréolées de politique. Des aspirants candidats à la présidence de la République et leurs partisans y ont fortement contribué. À bien des égards, à Madagascar, la journée internationale des droits des femmes, 2023, a été marquée avec faste et dans la liesse. Le climax des événements s'est tenu au stade Barea, Mahamasina. Une soixantaine d'associations et de représentants de différentes entités publiques ou privées y ont participé. Un événement sous le sceau étatique en présence des dignitaires de la République, dont le couple présidentiel.

Affirmant la force du nombre, la gente féminine a investi la tribune et les gradins du stade Barea. C'est devant cette assistance majoritairement au féminin que Andry Rajoelina, président de la République, a conclu la série de prise de parole. L'occasion pour le Chef de l'État de témoigner sa gratitude envers " la femme, source de vie, aimante, résiliente et pleine d'abnégation ", en prenant l'exemple de sa mère et de son épouse.

Fait rare dans ce contexte pré-électoral, le locataire d'Iavoloha n'a pas tenu de discours politique. Son intervention à Mahamasina a, néanmoins, été sur un ton de séduction politique envers la gente féminine. Le président de la République a même déclamé une ode à la gloire de la femme et en soutenant que les femmes doivent prendre plus de responsabilité dans la vie de la nation. "Vous êtes la source de la vie et l'espoir de la nation", déclare-t-il. En parallèle à la célébration étatique, plusieurs événements ont aussi été organisés dans différentes localités. Siteny Randriana­soloniaiko, député de Toliara, également probable candidat à la course à la magistrature suprême, a choisi la journée internationale des droits des femmes pour démarrer sa tournée politique. Il a choisi de participer à l'événement marquant la journée du 8 mars dans le district d'Ikongo.

Déterminants

Le choix du district d'Ikongo, dont les vicissitudes vécues par ses habitants symbolisent la scission au sein du camp au pouvoir, n'est pas anodin. Ceci étant donné que le député de Toliara a été élu sous les couleurs de la coalition présidentielle IRD. Tout comme le député d'Ikongo, Brunelle Razafintsiandraofa, qui l'a accueilli chaleureusement et a été à ses côtés durant l'ensemble de l'événement. Le vice-président de l'Assemblée nationale qui, à cause des drames dans sa circonscription justement, est particulièrement critique envers certaines politiques étatiques. Certaines de ses aspirations, qu'il martèle sur les plateaux des télévisions et radios, trouvent vraisemblablement écho dans le cheval de bataille du député Randrianasoloniaiko. À Ikongo, ce dernier ne s'est justement pas privé de tenir un discours résolument politique et a mis en avant son principal argument, la décentralisation effective.

En même temps, à Manakara, ses partisans ont effectué une démonstration de force en faisant parler le nombre également. Des centaines de femmes endossant un tee-shirt jaune estompé Siteny, ont défilé dans la capitale de la région Fito­vinany à l'occasion du 8 mars. Une mobilisation présentée comme "une vague jaune", largement relayée par les partisans du député de Toliara sur les réseaux sociaux.

À Antananarivo, c'est le parti "Tiako i Madagasikara" (TIM), qui a voulu détourné une partie des projecteurs braqués sur le stade Barea, en organisant un rassemblement des femmes TIM d'Analamanga, au Magro Behoririka. N'ayant pas effectué les démarches nécessaires, l'événement de Behoririka n'a pas eu l'autorisation de la préfecture de police. Aussi, les femmes TIM qui souhaitaient rejoindre la place du Magro ont buté sur une interdiction appliquée par les forces de l'ordre. L'interdiction a été l'occasion pour les femmes TIM d'Analamanga de montrer au public leur solidarité et leur engagement vis-à-vis de leur parti et de son président national, Marc Ravalomanana. C'est justement le but de l'événement qu'elles comptaient organiser au Magro Behoririka. Faute d'avoir eu accès à la place du Magro, elles ont alors improvisé un culte au milieu de la rue attenante au site avant de se disperser.

En vue de l'échéance électorale, ceux qui veulent s'aligner à la course à la magistrature suprême comptent visiblement capitaliser chaque opportunité politique. Au regard du profil des éventuels candidats, de leurs soutiens respectifs et de la conjoncture socio-économique dans laquelle se tiendra le présidentielle, chaque voix va compter. Et l'engagement ainsi que le vote des femmes pourraient être déterminants durant la campagne électorale et sur le verdict des urnes.

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