Tunisie: Oiseaux protégés en Tunisie - Arrêtons le massacre !

Chaque année, plus de cent mille oiseaux sont illégalement chassés en Tunisie. " Arrêtons le massacre ". Le slogan prôné par l'Association les amis des oiseaux (AAO) est concis et percutant. Un cri de détresse adressé aux décideurs lors de la conférence de presse organisée hier, mercredi 8 mars. Pire, chaque année, plus de 50 mille oiseaux périssent dans les filets de chasse au Cap Bon.

La conférence entre dans le cadre de l'information et de la sensibilisation de l'opinion publique aux attaques répétées dans notre pays contre certaines espèces d'oiseaux protégées par les conventions internationales et les lois.

Le président de l'association, Mohamed Hédi Aissa, ne mâche pas ses mots en évoquant une situation catastrophique causée essentiellement par l'utilisation des filets de chasse et ce en violation des lois tunisiennes et de la convention internationale signée par notre pays. Une violation due essentiellement par l'arrêté relatif à l'organisation de la chasse, dont la publication annuelle est du ressort du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.

Les filets de chasse pointés du doigt

D'après l'Association les amis des oiseaux, cette autorisation rendue possible par l'arrêté relatif à l'utilisation de filets de chasse dans la capture de l'épervier d'Europe au Cap Bon entraîne la mise à mort de façon illégale de plusieurs dizaines de milliers d'oiseaux sur l'une des principales voies de migration des oiseaux entre l'Afrique et l'Europe. Cette disposition de l'arrêté annuel est en totale contradiction avec le code forestier, considéré comme étant la loi cadre en matière de chasse et de gestion de la faune sauvage. Selon un communiqué publié par l'association, l'autorisation en question " outrepasse aussi des accords internationaux ratifiés par notre pays, à l'instar de la Convention de Berne interdisant les moyens non sélectifs de capture et de mise à mort ".

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Cette convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel a été ratifiée par la Tunisie en 1996. Le coordinateur du programme scientifique de l'AAO, Hichem Azafzaf, a pour sa part pointé du doigt l'utilisation des filets de chasse pour une période qui s'étale parfois fois sur deux mois au moment où les oiseaux connaissent une période de grande activité en raison de la reproduction, ce qui est de nature à mettre en danger leur vie et constitue une menace pour la biodiversité. Il a dans ce même contexte attiré l'attention sur les contradictions se rapportant à la loi régissant la chasse des oiseaux protégés dans notre pays et la nécessité de les modifier. Comment le Code forestier interdit-il l'utilisation des filets dans son article 173 (est prohibé pour la chasse l'emploi des filets) alors que l'arrêté relatif à l'organisation de la chasse publié chaque année par le ministère de l'Agriculture l'autorise ?

Hécatombe

Selon l'association, des dizaines de kilomètres de filet restent ouverts durant deux mois, notamment en mars et en avril, jour et nuit et sans contrôle régulier pour piéger tout oiseau qui passe. C'est une véritable catastrophe écologique susceptible de mettre en péril la faune au niveau des forêts et montagnes du Cap Bon.

Mohamed Hedi Aissa, a expliqué que l'AAO, assumant son rôle de membre permanent de la Commission consultative de la chasse et de la conservation du gibier, milite depuis des années dans le but de mettre un terme à l'utilisation illégale des filets de chasse. Elle a aussi protesté auprès de la direction générale des forêts, relevant du ministère de l'Agriculture. Une mobilisation qui a abouti en 2019 à la création d'une sous-commission chargée d'étudier la question et trouver les solutions appropriées. Toutefois, la DGF et les représentants des chasseurs ont " désavoué " cette commission en 2021 pour en créer une nouvelle, tout en " balayant " les travaux précédents. Cela a incité l'AAO à boycotter la nouvelle sous-commission et à porter l'affaire devant le tribunal administratif.

A l'occasion de cette conférence, l'AAO a réitéré sa demande de retrait immédiat et permanent de l'autorisation d'utilisation des filets de chasse en Tunisie et a dénoncé le refus des autorités compétentes de mettre un terme à ce qu'elle a qualifié d'" hécatombe ".

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