Aftu n'en est pas à son premier essai. Il y a quelques années, il a procédé au réajustement des prix sur tout son réseau. Devant le tollé suscité par cette décision, ses responsables avaient argué qu'il s'agissait d'un retour à la vérité des prix. Puisque, de manière unilatérale, expliquaient-ils, Aftu avait revu à la baisse les prix de ces tickets - moins 25 à 50 FCFA - face à la chute des prix du carburant à l'époque. Donc, disait-on, ils étaient revenus aux tarifs homologués.
Aussi, partant de la dernière hausse des prix du carburant, Aftu avait remis ça. "En raison de l'augmentation du prix du carburant et des coûts élevés des charges d'exploitation, les prix des sections tarifaires de toutes les lignes du réseau connaitront un réajustement, à compter du lundi 16 janvier", lisait-on dans note publiée par Aftu, quelques jours plus tôt, invitant ainsi les passagers "à prendre les dispositions nécessaires pour une bonne application de la mesure".
Réagissant à cette décision, le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, dans un communiqué publié la veille de l'entrée en vigueur de la mesure, le dimanche 15 janvier 2023, avait mis en garde Aftu contre toute velléité de hausse unilatérale des prix du transport en commun de voyageurs. Mieux, Mansour Faye rappelait aux transporteurs "que les tarifs des transports publics routiers de personnes sont fixés par le décret n°2009-20 du 22 janvier 2009... Aucune augmentation des tarifs de transport n'a été discutée, encore moins arrêtée, avec les opérateurs. Des concertations sont en cours pour subventionner directement les opérateurs, afin que le réajustement des prix du carburant n'ait pas d'impact sur la tarification du transport routier".
Par conséquence, déclarait le ministre, "toute hausse unilatérale des tarifs serait contraire au décret précité et aux conventions signées entre l'autorité de régulation des transports urbains, le Conseil exécutif des Transports urbains Durables (Cetud) et les Groupements d'Intérêts économiques membres de l'Aftu". "Cela constituerait une infraction à la règlementation sur les tarifs de transport routier, notamment la loi n°2021-25 du 12 avril 2021 sur les prix et la protection du consommateur", avait prévenu Mansour Faye, qui avait exhorté, par le même, les opérateurs "à veiller à l'application stricte de la règlementation sur les tarifs et se réserve le droit de prononcer à l'encontre de tout contrevenant les sanctions prévues par la règlementation en vigueur". Non sans inviter également, les Forces de sécurité, chargées du contrôle routier, à veiller strictement au respect des tarifs actuels.
Et, suite à la réunion entre le Cetud et les présidents de Groupements d'intérêt économique (Gie) de l'Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu), tenue le lundi 16 janvier 2023, l'Aftu avait fait marche arrière. D'ailleurs, des mises en demeure avaient été adressées à des présidents de Gie d'Aftu, notamment la ligne 62, qui s'entêtaient à augmenter les prix, malgré les injonctions de l'Etat. Aussi s'était-elle engagée à respecter les termes de la Convention de concession des lignes de transport signée avec le Cetud. Une convention qui prévoit la saisine officielle du Cetud pour toute demande de hausse tarifaire sur le réseau de transport urbain. Dès lors, les tarifs applicables sur l'ensemble du réseau de transport Aftu restaient en vigueur. Toutefois, les transporteurs des minibus s'engageaient à transmettre au Cetud, dans les meilleurs délais, une proposition d'harmonisation de leurs tarifs, tenant compte des nouvelles dessertes, notamment les zones de Dougar, Tivaouane Peulh, Déni Birame Ndao et Toubab Dialaw.
Actuellement, l'Aftu est l'un des plus grands réseaux de minibus au Sénégal. Opérateur en charge du programme de renouvellement du parc des transports en commun au Sénégal, lancé depuis 2005, elle est présente dans plusieurs villes notamment Dakar, Thiès, Louga, Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor et Tamba etc.