Sénégal: La garde à vue de Cheikh Hadjibou Soumaré et les hommages rendus à Ousmane Sèye mis en exergue

Dakar — La garde à vue de l'ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré et le décès de l'avocat Ousmane Sèye dominent la livraison des quotidiens de ce vendredi.

L'As prétend savoir ce que M. Soumaré a dit aux enquêteurs de la police judiciaire avant d'être placé en garde à vue. "Je ne suis pas dans les preuves mais dans l'interrogation", a-t-il répondu aux policiers lorsqu'ils lui ont demandé s'il détenait la preuve qu'un cadeau de 7,9 milliards de francs CFA a été fait par Macky Sall à l'opposante française Marine Le Pen.

"Avez-vous récemment donné de l'argent à une personnalité politique française ?" a écrit le haut fonctionnaire et ancien chef du gouvernement à la suite d'une audience accordée par Macky Sall à Mme Le Pen, ce qui, selon L'As, lui a valu des poursuites judiciaires.

"Face aux enquêteurs, qui voulaient en savoir davantage sur les tenants de sa lettre ouverte au chef de l'Etat, Cheikh Hadjibou Soumaré a estimé n'avoir [rien] affirmé, car ne détenant aucune preuve formelle", lit-on dans Kritik'.

Libération, citant l'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, écrit que "s'il n'existe aucune base sérieuse motivant ses questions, qu'il s'en excuse publiquement".

"Je n'ai rien affirmé, je ne confirme rien [...] Je parle en tant que chef d'un mouvement politique et j'attends les réponses du président [de la République. Le montant de 7,9 milliards de francs CFA que j'ai avancé est juste une hypothèse", rapporte L'Observateur en citant l'ancien chef du gouvernement et ancien ministre du Budget.

Selon Tribune, M. Soumaré s'est excusé devant les enquêteurs. "N'empêche, il reste placé en garde à vue", ajoute le journal.

EnQuête affirme, sur la base de ses sources, qu"'il ne pourra s'en sortir qu'en présentant des excuses publiques".

"Il doit prier pour ne pas être jugé dans cette affaire, car elle pourrait engendrer des conséquences désastreuses sur la suite de sa carrière politique", au cas où il voudrait "présenter sa candidature à l'élection présidentielle de 2024", commente Tribune.

"Un ancien Premier ministre en prison ? Ce serait une tache et même une image désastreuse pour la vitrine démocratique sénégalaise", écrit Le Quotidien.

"Il aurait été plus sage de garder le silence de marbre qui a toujours fait son identité", ajoute-t-il.

Un "homme multidimensionnel"

Le Témoin Quotidien met en garde ceux qui voudraient, comme Cheikh Hadjibou Soumaré, "interpeller le chef de l'Etat par voie de presse". Qu'ils "se le tiennent pour dit. Personne n'est autorisé à l'apostropher sur certaines questions. Ça peut vous valoir une privation de liberté", avertit-il.

WalfQuotidien affirme que "l'affaire des 7,9 milliards de francs CFA [...] remet au goût du jour la mallette d'argent remise à Alex Segura, un ancien représentant du Fonds monétaire international au Sénégal". "La corruption de personnalités étrangères semble être une tradition bien de chez nous", commente-t-il.

"Le barreau, la classe politique et la presse en deuil", titre Le Soleil à la suite du décès de l'avocat Ousmane Sèye.

"Figure éminente du barreau de Dakar, fervent militant des droits humains, défenseur des faibles et de personnes renommées", note le même journal, ajoutant que Me Sèye fut un "homme politique respecté".

Le défunt, "mouride convaincu", va être "inhumé [ce] vendredi à Touba", lit-on dans L'Observateur.

Bés Bi Le Jour rend hommage à un "maître des grands dossiers". Après "trente-huit ans de barreau, des années sur le terrain politique, l'emblématique avocat Ousmane Sèye, connu dans de chauds dossiers politico-judiciaires, a été rappelé à Dieu hier matin. La célèbre robe noire [...] avait fait de sa vie un combat pour la liberté", note Bés Bi Le Jour.

L'As estime que "le barreau [de Dakar] perd un aristocrate" et un "polémiste de talent", avec le décès de Me Sèye.

Vox Populi se souvient d'un "monstre sacré du barreau de Dakar".

"En politique, il avait des positions controversées qu'en homme courageux il assumait", affirme Le Témoin Quotidien, Sud Quotidien estimant que l'avocat, ancien vice-président du Haut Conseil des collectivités territoriales et de l'Organisation nationale des droits de l'homme, fut un "homme multidimensionnel".

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