Madagascar: Un fétiche aveuglant dans le Marovatana

Ambohidratrimo est l'un des derniers bastions du Marovatana qu'Andrianam­poinimerina a du mal à faire tomber.

Le roi d'Ambohimanga procède alors à un volakitsiny- action de se disculper en accusant quelqu'un- au cours duquel il s'engage à ne réduire quiconque en esclavage puisqu'il " veut le bonheur du peuple ". " Le peuple a été heureux sous Andria­masinavalona parce qu'il n'y avait qu'un unique souverain. Mais depuis et jusqu'à aujourd'hui, le territoire s'est divisé en quatre parties, leurs populations sont devenues ennemies et s'entretuent parce que leurs rois veulent tous agrandir leur territoire respectif.

" Ce qui n'est pas du goût du Marovatana qui se cabre en entendant cela et se refuse à tout accord. Quelque temps plus tard, alors que la guerre n'a pas encore repris,, le roi d'Ambohi­dratrimo tourne le dos. En apprenant la nouvelle, les Tsimahafotsy explosent de joie, estimant que la conquête de la colline en sera facilitée. Mais Andrianampoinimerina tempère leur enthousiasme. " Au contraire, la bataille sera plus difficile car c'est un enfant qui monte sur le trône. " Pourtant, ses hommes persistent dans leur conviction. " Pourquoi dire cela ? Déjà avec le père, nous avons failli obtenir la victoire. "

Ce à quoi le roi rétorque : " Le père était un pécheur et l'enfant est encore innocent. Dieu protège les innocents. " Les Tsimahafotsy s'émerveillent alors de la " connaissance des choses cachées " de leur souverain. Au bout d'un certain temps, Andrianam­poinimerina décide de poursuivre la pacification du Marovatana par les fiefs environnant Ambohidratrimo. Ces derniers plient facilement " devant les longs drapeaux blanc et rouge, Mahazovola et Mahazotany ". " Nous ne ferons que passer devant Ambohi­dratrimo ", déclare-t-il.

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" Laissons à l'enfant qui commence à régner, le temps de commettre quelques péchés. " Entretemps, un sage arrive à convaincre les Marovatana de reconnaitre le souverain sous son nom de Roi-au-coeur-de-l'Imerina. Andriantomponimerinamandimby- Rabehety de son nom d'adolescent-, continue pourtant à le narguer. Mais sa résistance est vite malmenée par les Tsimahafotsy bien motivés. Andrianampoinimerina, comme il l'a promis, ne réduit pas Marovatana en esclavage. En contrepartie, toutefois, tous doivent lui donner trois piastres par personne et un voamena par boeuf sur pied, en guise de tributs de guerre.

Selon la tradition orale, la chute de Rabehety est provoquée par ses propres sujets. Tandis que les assauts des Tsimahafotsy contre la citadelle se multiplient, pour préserver leurs familles, les hommes d'Ambohidratrimo décident de provoquer la fuite de leur monarque. " Nous ne sommes plus en mesure de tenir plus longtemps, encore moins de protéger votre vie. Partez avant qu'il ne soit trop tard. " Conduit par se gardes, Rabehety parvient à s'enfuir à Ambohitri­manjaka, à l'est de l'Ikopa. Une autre version affirme que la victoire du roi d'Ambohimanga sur Ambohidratrimo en particulier, sur le Marovatana en général, est obtenue grâce au fétiche Manjakatsiroa et ses deux attirails, ses fanions Mahazovola et Mahazotany.

En apprenant qu'Andrianam­poinimerina détient ce ody, Marovatana tremble de peur, semble-t-il, car le bruit court que, lorsqu'il va assiéger une colline, tous ceux qu'il rencontre sont aveuglés et qu'ainsi, il peut les sagayer à loisir. Aussitôt, poursuit-on, tout l'ouest du Marovatana se rapproche d'Andrianampoinimerina. Manjakatsiroa, le fétiche qui assoit la souveraineté du roi unique sur l'Imerina, est ramené du Sud par son gardien-propriétaire, Andriamatoabe, qui y a séjourné, raconte-t-on. Ce dernier est originaire d'Ankazoboho, un peu au nord d'Ambohimanga. En le voyant pour la première fois, le roi se serait écrié : " Il est à moi ! " En échange, il donne à Andriamatoabe des rizières situées à Manjakarano-nord. Quant à Manjakatsiroa, le souverain l'installe à Mananina.

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