La Tunisie a fait beaucoup parler d'elle, ces derniers temps, et pas toujours en termes avantageux. Nous avons pensé proposer avec prudence de nous remettre un peu en question. L'exercice pourrait être salutaire pour tous.
Le pays est catapulté, encore une fois sur le devant de la scène internationale, par un dur rappel à l'ordre qui a frappé " là où cela fait mal ". La Banque mondiale, d'habitude si discrète, est montée au créneau, annonçant suspendre sa coopération avec la Tunisie. La très vénérable et redoutée institution fait valoir l'arrêt " momentané " de son partenariat avec notre pays. Elle pointe la campagne d'incitation à la haine et la vague de violence qui a visé les immigrants africains.
Sur le plan interne, la situation n'est guère meilleure. Le pays suffoque sous le poids d'une grave crise économique et sociale, mais aussi politique. L'Etat de droit et des libertés est rudement mis à mal. Nul ne peut ignorer les manifestations qui secouent le pays, ni l'impact des arrestations qui ont visé des figures de l'opposition, des avocats et journalistes. Circonstance aggravante : ni le ministère public ni le ministère de l'Intérieur n'ont communiqué à ce sujet.
En lieu et place, ce sont des communications parallèles et parcellaires qui fleurissent sur les tribunes médiatiques. Or, autant au niveau du fond que de la forme aussi bien qu'à celui de ceux qui les annoncent triomphalement, ces déclarations maladroites ne peuvent être prises au sérieux. Pire, elles discréditent les institutions officielles, puisqu'elles jouent leurs rôles.
Dans ce tableau sombre, tout n'est pas mauvais. A travers la volonté d'assainir l'Etat et d'imposer la reddition des comptes aux responsables qui ont failli à leurs devoirs, on peut estimer que des pas ont été franchis. Mais là encore, la manière est discutable. Des manquements ont fait du tort à un processus qui peut, si mené à bon escient, impulser une nouvelle dynamique dans le pays. C'est pourquoi respecter rigoureusement les procédures pénales, les droits de la défense, la transparence judiciaire devient la condition incontournable, n'en déplaise aux survoltés qui applaudissent à chaque nouvelle arrestation. De même, écouter les conseils de personnes reconnues nationalement pour leurs expériences et sagesse, et, admettre nos erreurs nous fait grandir.
