Quelques grandes figures féminines de la presse congolaise ont participé et échangé, le 9 mars à l'Institut français du Congo (IFC), à un échange sur le rôle et la place de la femme journaliste dans les médias congolais.
Des femmes issues de plusieurs médias du Congo ont mis en exergue, au cours de la conférence-débat organisée par l'ambassade de France et la délégation de l'Union européenne, leur utilité, leur dynamisme, leur engouement, leur compétence et leur bravoure dans l'exercice du métier de journaliste au sein des médias audiovisuels et de la presse écrite.
Elles étaient cinq à intervenir, critiquant et émettant des avis sur la thématique de la place des femmes dans les médias au Congo. Il s'agissait d'Aline France Etokabeka de "Télé Congo", Rachel Berniche Kinzonza de la "Radio Mucodec", Yvette Reine Nzaba des "Dépêches de Brazzaville", Cristelle Noëlle Essongo, journaliste militaire, et Rosie Pioth, correspondante de "France 24", qui ont lancé, à travers cette conférence-débat, la série d'activités sur le droit des femmes qui auront lieu à l'IFC durant tout ce mois de mars.
Plusieurs sous-thèmes ont été développés, notamment la place de la femme journaliste dans l'espace médiatique congolais, les conditions de travail au quotidien pour les femmes journalistes au Congo, l'historique de la femme congolaise dans les médias.
Chacune des intervenantes, selon sa spécialité, a présenté le sujet via un angle donné. L'historique de la femme journaliste dans les médias au Congo a été évoqué par Aline France Etokabeka. Elle a détaillé la grande et merveilleuse aventure des femmes journalistes dans le pays. Selon elle, la toute première journaliste s'appelle Safou Safouesse. La directrice de programmes de "Télé Congo" a détaillé le dynamisme, l'engouement, le professionnalisme et le savoir-faire des femmes dans les médias.
Quant à la place qu'occupe la femme dans l'espace médiatique, le sujet a été développé par la journaliste de "Radio Mucodec". Rachel Berniche Kinzonza a vanté le rôle majeur des femmes dans l'expansion des médias en République du Congo. Elle a rappelé, par la même occasion, que sur le plan professionnel, la femme joue le même rôle que l'homme dans l'exercice de sa profession.
Pour sa part, Yvette Reine Nzaba a exposé sur les conditions de travail des femmes journalistes au Congo. La cheffe de service Afrique Monde aux "Dépêches de Brazzaville" a soutenu, sans langue de bois, les différentes formes de violences dont sont souvent victimes les femmes journalistes.
Pour elle, il existe encore des préjugés qui dévalorisent les femmes. Elle a, par ailleurs, salué l'engagement et l'activisme de certains hommes et de certaines femmes qui militent pour l'insertion de ces dernières dans les médias. Prenant le cas de la rédaction des "Dépêches de Brazzaville" où elle évolue, Yvette Reine Nzaba a expliqué les différentes avancées dans la responsabilisation des femmes en rappelant le respect et l'accompagnement de sa hiérarchie à l'égard des femmes.
" La féminisation dans la presse est réelle mais elle ne signifie pas égalité. La femme doit s'imposer par le travail. Elle doit se bousculer pour valoriser sa compétence afin de faire valoir son savoir-faire tout en garantissant la symbiose avec l'homme. Rien n'est facile mais il faut rester droit dans ses bottes. Surtout, cultivons-nous et apprenons au quotidien. Chez nous aux "Dépêches de Brazzaville", par exemple, nos chefs, notamment le directeur des publications, Emile Gankama, donnent beaucoup d'importance aux femmes. Ils nous poussent toujours à mieux faire ", a témoigné Yvette Reine Nzaba.
Elle a ajouté que la place de la femme dans les médias au Congo reste encore un combat de longue haleine. Car, dans certains médias, elle fait face à beaucoup de contraintes qui limitent sa capacité de bien exercer sa profession, notamment les contraintes familiales et la marginalisation dans certaines rédactions pour la couverture de grands sujets relatifs à la politique et à l'économie. Juste après, l'une des premières femmes militaires journalistes, Christelle Noëlle Essongo, a esquissé le rôle de la femme journaliste dans les Forces armées congolaises.
L'ambassadeur de France au Congo, François Barrateau, s'est associé aux défenseurs des droits des femmes, en général, et des femmes journalistes, en particulier, pour confirmer l'utilité des femmes dans les médias. " Les femmes journalistes restent confrontées aux violences ayant pour base le genre. Heureusement que le gouvernement s'engage à bannir ce phénomène à travers la "loi Mouebara". La France reste aux côtés du Congo en soutenant les associations qui militent pour les droits des femmes ", a indiqué François Barrateau.
En tout cas, lors de cette conférence-débat, les échanges ont permis de faire jaillir la lumière sur la question de la place des femmes dans les médias au Congo. Certains participants ont déploré le manque de dynamisme et le mutisme de certaines femmes qui ne veulent toujours pas s'affirmer dans leur rédaction respective.