Huit ans après la disparition du journaliste et militant prodémocratie Itai Dzamara, les autorités n'ont toujours pas fait état des progrès réalisés dans le cadre de l'enquête visant à garantir que sa famille obtienne justice, vérité et réparation, a déclaré Amnesty International le 9 mars 2023.
Le fait que les autorités zimbabwéennes ne donnent pas d'explication sur la disparition forcée d'Itai Dzamara, huit ans après qu'il ait été vu pour la dernière fois, en dit long sur l'absence de volonté politique de rendre des comptes dans cette affaireLucia Masuka, directrice exécutive d'Amnesty International Zimbabwe
Elle estime que l'inaction des autorités zimbabwéennes s'agissant d'ouvrir une enquête efficace sur la disparition d'Itai Dzamara constitue une parodie de justice et adresse un message inquiétant quant à la sécurité de ceux qui demandent au gouvernement de rendre des comptes.
" Le fait que les autorités zimbabwéennes ne donnent pas d'explication sur la disparition forcée d'Itai Dzamara, huit ans après qu'il ait été vu pour la dernière fois, en dit long sur l'absence de volonté politique de rendre des comptes dans cette affaire, a déclaré Lucia Masuka, directrice exécutive d'Amnesty International Zimbabwe.
" Le monde et la famille d'Itai Dzamara réclament vérité et justice pour sa disparition. Sa famille souhaite sortir de l'incertitude insoutenable à laquelle elle est soumise depuis sa disparition.
" Aujourd'hui, nous nous joignons à l'appel de sa famille aux autorités zimbabwéennes en faveur d'une enquête approfondie, indépendante, efficace et transparente sur sa disparition, a déclaré Lucia Masuka.
Le monde et la famille d'Itai Dzamara réclament vérité et justice pour sa disparitionLucia Masuka
" Depuis qu'il a disparu, aucune enquête digne de ce nom n'a été menée et on ne sait toujours pas où il se trouve. Il faut une enquête dont les conclusions seront rendues publiques en vue d'amener les responsables présumés en justice. "
Les autorités zimbabwéennes doivent effectuer une enquête approfondie, indépendante, efficace et transparente sur sa disparitionLucia Masuka
Amnesty International renouvelle sa demande au gouvernement afin qu'il mette sur pied une commission d'enquête indépendante dirigée par un juge et habilitée à convoquer des témoins afin de déterminer les circonstances de l'enlèvement d'Itai Dzamara. Les conclusions de l'enquête doivent être rendues publiques et les responsables présumés doivent comparaître devant les tribunaux. Toute personne disposant d'informations à soumettre à la commission doit être autorisée à le faire et les autorités doivent garantir sa sécurité et sa protection.
Complément d'information
Itai Dzamara a été enlevé le 9 mars 2015 par cinq hommes alors qu'il était chez le coiffeur à Glen View, une banlieue de Harare. Ses ravisseurs l'auraient accusé d'avoir volé du bétail avant de le menotter, de le forcer à monter dans un fourgon blanc dont les plaques d'immatriculation avaient été dissimulées et de démarrer. Il n'a pas été revu depuis, et Amnesty International pense qu'il est victime d'une disparition forcée.
Avant son enlèvement, il avait appelé à la démission du président de l'époque, Robert Mugabe, et critiqué sa gestion de l'économie du pays. Samedi 7 mars 2015, avant d'être enlevé, il avait pris la parole lors d'un rassemblement dans la capitale Harare, où il avait appelé à une action massive pour faire face à la détérioration de la situation économique au Zimbabwe. Il avait déjà été harcelé par des membres des forces de sécurité, roué de coups, enlevé et détenu illégalement. Feu le président Robert Mugabe est resté à la tête du pays pendant près de 40 ans, jusqu'à ce qu'il soit destitué en 2017 par la ZANU-PF, parti au pouvoir, avec l'appui de l'armée.
En 2016, le vice-président de l'époque Emmerson Mnangagwa a déclaré lors de l'Examen périodique universel de l'ONU à Genève que le gouvernement continuait de rechercher activement Itai Dzamara. Néanmoins, le gouvernement n'a pas fourni de mises à jour régulières sur les actions menées pour retrouver le militant disparu, malgré une décision de justice prise en ce sens en 2016.