Une décision prise par le président de l'université d'Antananarivo pour " préserver l'ordre public " après une manifestation des étudiants pour réclamer, entre autres, le versement de leurs bourses et la réhabilitation des infrastructures délabrées de la cité universitaire.
Le président de l'université, le professeur Mamy Raoul Ravelomanana, indiquait dans une note ne pas avoir été tenu au courant de cette manifestation et que celle-ci n'était d'ailleurs pas autorisée. Ces termes ont provoqué des protestations au sein des communautés étudiantes et enseignantes, mais aussi de l'opinion publique.
Alors que les étudiants du campus ont été contraints d'évacuer les lieux en présence de membres des forces de l'ordre jeudi, la ministre de l'Enseignement supérieur a finalement fait savoir que cette décision de fermeture de l'École Polytechnique n'était pas approuvée par le ministère. Mais pour les étudiants, la coupe est pleine. La note circulaire du président de l'université d'Antananarivo ordonne également la fermeture de l'école et un conseil de discipline pour quatre étudiants. Ce qui est perçu comme une énième marque de mépris et d'indifférence face à des conditions de vie étudiante déplorables depuis des années.
" L'État n'investit plus dans l'éducation et l'enseignement. Les infrastructures et les matériels d'enseignements dans les universités publiques sont usés et lamentables ", déplorent dans un communiqué les associations étudiantes de l'université d'Antananarivo, qui apportent leur soutien aux polytechniciens. " À chaque fois que nous revendiquons nos droits, nous subissons des pressions et des menaces. Le conseil de discipline devient l'arme répressive de l'État ", poursuivent-elles. " Cette année, nous ne tolérerons plus vos menaces et votre incompétence. "Zéro réclamation bourse" devrait être slogan ", concluent-elles, s'adressant aux responsables concernés.
Retard de plusieurs mois de bourse
Alors que la digitalisation des données au niveau des universités devait faciliter le paiement des bourses, les problèmes persistent pour de nombreux étudiants.
" Pour cette année, nous attendons le paiement de quatre mois de bourses. Pour d'autres, ce sont six mois de l'année précédente ", explique un étudiant de 5e année à l'École Polytechnique. " Les infrastructures sont dégradées et ce sont les étudiants qui vivent dans la cité universitaire qui réhabilitent petit à petit. L'eau n'est pas potable. Les disjoncteurs défectueux provoquent des coupures de courant et même un incendie au mois de janvier qui a détruit un bloc. C'est pour cela que l'on demande une réhabilitation au plus vite ", continue ce dernier.
L'annonce de la réouverture de l'école par la ministre de l'Enseignement supérieur ne résout pas le fond du problème, indiquent les étudiants, qui précisent qu'ils poursuivront leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications et l'annulation du conseil de discipline.
Celui-ci est prévu le 20 mars, d'après un courrier adressé au directeur de l'École Polytechnique par le président de l'université d'Antananarivo. Ce dernier évoque une absence de demande d'autorisation de manifestation et des insultes proférées à l'endroit du président de la République.