Ne pas réduire la Tunisie aux propos racistes de son président. C'est le souhait des volontaires qui soutiennent les migrants subsahariens encore présents.
Dans une ruelle pavée de la capitale tunisienne, des toiles sont fixées aux murs d'un jardin voisin pour former des abris. On peut aussi apercevoir quelques tentes, drapées de couvertures pour empêcher la pluie et le froid de pénétrer. Un groupe d'hommes est assis autour d'un feu, eux même entourés par des piles d'ordures ménagères. A la tombée de la nuit, les réfugiés redoutent de nouvelles agressions.
Tous vivent dehors car ils ont été expulsés par leurs bailleurs, soucieux de ne pas être inquiétés à leur tour en louant à des ressortissants d'Afrique subsaharienne.
"Ces feux de camps servent de postes de garde la nuit", explique Josephus en diffusant la scène en direct.
Une entreprise risquée
Dans une déclaration qui a fait scandale, le président tunisien Kais Saied a accusé les migrants africains subsaharien d'être des "criminels"et de vouloir remplacer la population tunisienne locale. Ses propos ont engendré une vagues d'agressions racistes et de brutalités policières.
Face à cela, certains Tunisiens ont réagi en venant soutenir les migrants qui vivent encore dans le pays. "Il y a un groupe d'une cinquantaine de Tunisiens qui nous aident", a déclaré à la DW une femme qui ne veut être identifiée que sous le nom d'Amal.
Ces volontaires tunisiens prennent le risque d'être agressés ou arrêtés à leur tour par la police. Malgré tout, une trentaine d'organisations se sont mobilisé pour apporter du matériel pour les tentes, de la nourriture et des couches pour enfants. Certains hébergent aussi les mères et les enfants : "C'est comme si nous essayions d'apprendre à vivre au milieu d'une guerre", dit Amal en soupirant.
Une aide multiple
Certains jouent les médiateurs dans le conflit entre les propriétaires tunisiens et les locataires d'Afrique subsaharienne, pour éviter de nouvelles expulsions arbitraires.
D'autres livrent des provisions aux familles qui refusent de sortir, craignant d'être agressées. Ils ont créé des pages de dons pour collecter des fonds à cet effet. Des membres de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins se rendent également dans les camps le soir.
Selon les groupes de défense des droits locaux, presque 50.000 Africains subsahariens vivent en Tunisie. Principalement des personnes originaires de Sierra Leone, mais aussi de Guinée, du Mali et du Nigeria. Certains vivent légalement en tant qu'étudiant, d'autres sont des travailleurs sans papiers mais exemptés de la nécessité d'un visa pour les séjours de moins de trois mois.