L'Union européenne a annoncé la mise en place d'un pont aérien humanitaire vers Goma pour venir en aide aux habitants de cette ville quasiment encerclée par l'avancée des rebelles du M23.
Le pont aérien de l'Union europénne vers Goma sera mis en place pour acheminer une aide humanitaire sous forme de produits médicaux et alimentaires, ainsi qu'une série d'autres produits d'urgence, en collaboration avec l'Unicef et d'autres partenaires humanitaires, indique la Commission européenne.
Bruxelles a également annoncé le déblocage d'une aide de 47 millions d'euros, par l'intermédiaire de ses partenaires humanitaires, afin de couvrir les besoins immédiats des populations locales en nourriture, soins de santé et installations sanitaires notamment.
La société civile a bien accueilli cette nouvelle de couloir humanitaire vers Goma qui serait piloté par la France, précise Marrion Ngavho Kambale, président de la société civile Forces Vives de la ville de Goma.
Cependant, selon lui, les populations qui sont en détresse ont certes besoin d'eau ou de médicaments mais elles ont surtout besoin de retourner vivre en paix dans leur village d'origine plutôt que d'être dans des camps de déplacés.
"Cela fait pratiquement quatre à cinq mois que certains ont quitté leur village, indique Marrion Ngavho Kambale à la Deutsche Welle. La société civile pense donc qu'un bon appui pour les populations aujourd'hui serait de terminer la guerre pour qu'on puisse voir le retour des déplacés de Goma, de Kanyarushinya, de Sake, de Masisi. Qu'ils puissent rentrer dans leurs villages après le départ du M23. Nous voulons voir cette aide ramener ces gens là-bas et s'il y a un appui en alimentation, en médicaments, que ce dernier puisse les retrouver dans leurs villages."
Leurs villages, ces populations les ont quittés depuis des mois à cause de la présence des rebelles du M23. Ceux-ci ont fait savoir qu'à partir du 7 mars, ils cesseraient les hostilités dans la province duNord-Kivu.
Annonce d'un cessez-le feu
Mais pour Augustin Muhesi, professeur de sciences politiques à l'Université de Goma, il est encore trop tôt pour dire si le cessez-le-feu sera respecté par le M23.
Il n'est en effet pas exclu que cette promesse soit une diversion puisqu'à l'heure actuelle, il y a encore des combats qui sont signalés dans certaines localités du territoire de Masisi et de Rutshuru, souligne l'enseignant :
"Pour le moment c'est une promesse dont la réalisation n'est pas très évidente au regard de l'histoire récente caractérisée par la duplicité des rebelles du M23. Dans la région, on a quand même l'impression que les moyens financiers n'ont pas suivi pour permettre aux rebelles du M23 de continuer la guerre et même apparemment le Rwanda, aussi, serait affecté par la guerre qui se déroule. Donc ce sont des éléments qui constituent des opportunités, pour que le processus politique engagé pour rétablir la paix dans la région fasse d'énormes avancées."
Scepticisme à l'endroit des forces de l'EAC
Pour tenter d'endiguer l'avancée de la rébellion du M23 et démettre la centaine de groupes armés qui sévit dans la partie orientale du pays, des militaires sont déployés dans le cadre d'une force régionale mise en place par les pays de l'EAC (East African Community).
C'est dans ce cadre qu'une trentaine de militaires burundais ont atterri dimanche à Goma. A terme, leur contingent devrait atteindre une centaine de soldats.
Pourtant, au sein de la société civile, leur arrivée ne suscite pas d'enthousiasme.
Steward Muhindo, chargé d'information au Centre de recherche sur l'environnement, la démocratie et les droits de l'Homme (Creddho) précise que depuis qu'elles sont là, les troupes de l'EAC n'ont mené aucune offensive militaire contre les rebelles du M23.
Ceux-ci continuent à gagner du terrain, à attaquer l'armée congolaise et à commettre des crimes contre les civils dans les localités qu'elles occupent.
"Depuis qu'elles sont présentes, les troupes de l'EAC se comportent plus en une force d'appui, une force de soutien au M23, plutôt qu'un soutien aux forces armées de la RDC. Il suffit pour s'en convaincre de voir à quel point elles sont présentes à Kibumba ou à Rumangabo et interdisent l'accès aux forces armées congolaises, alors que la population locale rapporte chaque jour la présence des miliciens du M23 dans ces zones. "
Des médias locaux rapportent que ce lundi, des centaines de déplacés internes en colère étaient dans les rues de Goma pour exiger l'aide du gouvernement provincial. Ils déplorent la lenteur observée dans la procédure de distribution de l'aide envoyée par les Emirats Arabes Unis.