Paris sait ce qui lui reste à faire pour que les relations avec Rabat retrouvent leur cours normal
La France fait encore preuve de myopie politique en niant l'existence d'une crise diplomatique avec le Maroc. Interpellée par des parlementaires, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a minimisé l'impact des propos d'une source officielle au sein du gouvernement marocain qui avait affirmé au magazine Jeune Afrique que "les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu'entre le Palais Royal et l'Élysée ", arguant qu'il s'agit de propos émanant d'une source anonyme.
"Si nous avons lu des déclarations désagréables dans la presse, elles sont de sources anonymes et n'appellent pas à ce titre à des commentaires particuliers", a-t-elle indiqué.
Or, Jeune Afrique, magazine réputé par ailleurs être crédible, a attribué ces propos à une source officielle au sein du gouvernement marocain. Si ces propos ne reflétaient pas à vrai dire la position officielle du Maroc, le gouvernement marocain aurait dû protester ou adresser une mise au point au magazine. Ce ne fut pas le cas, ce qui prouve que Catherine Colonna a essayé de botter en touche en prétendant qu'il s'agit de propos émanant d'une source anonyme.
La cheffe de la diplomatie française a aussi affirmé qu'elle tient à "pratiquer l'apaisement", preuve en est, tient-elle à préciser, qu'elle s'était elle-même rendue au Maroc en décembre dernier, ce qui avait permis de reprendre "des relations consulaires normales".
Cette myopie politique a été confirmée récemment par le chef de l'Etat français lui-même quand il a qualifié la crise avec Rabat de simples turbulences passagères et en rappelant que ses relations avec S.M le Roi Mohammed VI sont "amicales" et "le demeureront".
Les relations entre les deux capitales se sont détériorées surtout depuis janvier dernier quand le Parlement européen (PE) a adopté un texte non contraignant hostile au Maroc. Cette institution s'est permise de s'immiscer dans les affaires internes du Maroc en essayant de le fustiger sur ce qu'elle appelle "liberté d'expression et des médias" et autres "procès équitables".
Le PE a également pris une autre résolution non contraignante hostile au Royaume du Maroc en février dernier en appelant, entre autres, à étendre les mesures prises à l'encontre des représentants du Qatar à ceux du Maroc, en leur interdisant notamment l'accès au PE.
C'est un proche conseiller du président français et président du groupe Renew Europe au PE, à savoir Stéphane Séjourné, qui a tiré les ficelles de ces malencontreuses manoeuvres au sein du PE contre le Maroc.
Christian Cambon, président du Groupe d'amitié France-Maroc au Sénat français, avait dénoncé, dans un communiqué rendu public le 13 février dernier, le comportement de "certains euro-députés français pourtant proches de la majorité qui préfèrent joindre leurs voix aux adversaires habituels du Maroc", soulignant qu'il a pris connaissance avec étonnement du vote par "le PE d'une résolution condamnant la détérioration de la liberté de la presse au Maroc".
A cela s'ajoutent les campagnes de dénigrement menées contre le Royaume par les médias français à la solde du pouvoir, tels que France 24. En effet, la chaîne française en langue espagnole a diffusé ces derniers jours un reportage vidéo dans le cadre de l'émission 5 minutes sur la question du Sahara marocain, plein d'affabulations. Le reportage présentait un récit biaisé de la réalité, tout en faisant la propagande des thèses des séparatistes, notamment en évoquant une soi-disant "exploitation des ressources de la région par le Maroc".
Elle a également prétendu que "l'Espagne a soutenu le plan d'autonomie marocain pour le Sahara", en contrepartie de ce qu'elle a qualifié d'"un contrôle et une détention accrus par Rabat des migrants qui cherchent à rejoindre l'Espagne via les villes de Sebta et Mellilia".
Il ne serait pas superflu d'ajouter à l'égard de Paris qu'il est grand temps de cesser de tergiverser ou de manigancer à l'encontre du Maroc.
C'est là la seule issue pour que les relations entre les deux pays retrouvent leur cours normal. Et pas autrement.