Madagascar: Dégradation de l'enseignement supérieur - Les associations estudiantines accablent le gouvernement

Dans une déclaration commune effectuée hier, les associations des étudiants de l'université d'Antananarivo somment les responsables étatiques de " libérer " les étudiants de l'Ecole Polytechnique de " leur châtiment ".

C'est une réponse du berger à la bergère. Une fois l'annonce faite par l'Université d'Antananarivo sur la traduction en conseils de discipline, le 20 mars prochain, de quatre étudiants de l'Ecole Supérieur Polytechnique d'Antananarivo, des associations d'étudiants de ladite université ont manifesté leur solidarité à leurs " consoeurs et confrères " à travers une déclaration commune. " Nous condamnons fermement la fermeture de l'Ecole Polytechnique Vontovorona. Nous suivons de très près la situation des étudiants convoqués au sein du Conseil de Discipline ", lancent ces étudiants. Avant de rajouter, ce qui ressemble à une menace : " vous, les hauts responsables, êtes assez matures pour connaître ce qui va se passer si ces étudiants ne sont pas libérés de leur châtiment ". S'adressant aux responsables, les étudiants de l'université d'Antananarivo de tonner " cette année, nous ne tolérerons plus vos menaces et votre incompétence ".

Échec

Les présidents des associations estudiantines de l'université d'Antananarivo tirent à boulet rouge sur les autorités étatiques pour ce qui est de la situation dans laquelle se trouve l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. " L'enseignement supérieur à Madagascar ne cesse de se dégrader ", affirment les étudiants. Ces derniers de déplorer les conditions précaires dans lesquelles ils étudient et pointent du doigt le fait que " l'Etat n'investit plus dans l'Education et l'Enseignement ". Pour ces présidents d'associations estudiantines, " les infrastructures et les matériels d'enseignement dans les universités publiques sont usés et lamentables ". Côté bourses d'études, la déclaration commune a été l'opportunité pour les étudiants d'interpeller les autorités sur les arriérés de paiement et les irrégularités de la digitalisation de ces allocutions. " Ladite digitalisation imposée par le gouvernement suscite l'aliénation de nos droits. Beaucoup d'étudiants n'obtiennent pas leurs bourses d'études à cause de la Digitalisation ", déclarent les étudiants de l'université d'Antananarivo. Avant de conclure " nous attendons les réclamations 2021-2022 et les bourses d'études pour l'année 2022-2023 ". Les faits enregistrés depuis des années démontrent et confirment que l'enseignement supérieur et la recherche scientifique est " malade ". Et que pour l'heure, les remèdes ne semblent pas être à la portée des autorités actuelles.

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Fuite en avant

Face à la situation, le Pr Elia Béatrice Assoumacou, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a effectué une intervention télévisée dans une émission de la radio nationale. Selon elle, " la décision d'expulsion ou d'introduction d'étudiants dans les cités universitaires de l'Université d'Antananarivo relève uniquement de la responsabilité du ministère et du Centre Régional des OEuvres Universitaires de l'Université d'Antananarivo ". Pour le Pr Elia Béatrice Assoumacou, " la fermeture de l'ESPA Vontovorona a été prise de façon unilatérale et par une seule et unique personne. Cette décision n'est pas passée par le conseil d'administration de l'Université et est illégale ", poursuit la ministre. Profitant de l'occasion, cette dernière note que " la décision de fermeture de l'ESPA n'émane guère du gouvernement ". Voulant savoir l'authenticité ou non de la note circulaire qui a fait le tour des réseaux sociaux, nous avons interrogé un responsable auprès de l'Université d'Antananarivo. " Je ne suis pas en mesure d'infirmer ou de confirmer l'authenticité de ce document ", nous a confié notre source. Le responsable de profiter de l'entretien pour glisser en filigrane : " À Vontovorona, la situation était assez tendue jeudi dernier. Des éléments des forces de l'ordre étaient blessés et des noms d'étudiants étaient communiqués. Ce qui est sûr c'est que les parties prenantes : université d'Antananarivo, ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, forces de l'ordre étaient en contact et qu'une décision a dû être prise pour l'intérêt des étudiants de l'ESPA ". Pour ce qui est des problématiques relatives aux bourses d'études, les explications du Pr Elia Béatrice Assoumacou semblent attribuer la situation au processus administratif relatif à l'attribution de ces allocations. " Jusqu'ici, si nous ne parvenons pas à arrêter la liste des étudiants devant bénéficier de ces allocutions, dans tout Madagascar, nous ne saurons pas le montant exacte à décaisser (...) Le paiement des bourses d'études n'est donc pas en retard (...) ", conclut le Pr Elia Béatrice Assoumacou.

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