Comme c'était le cas avec le président français Emmanuel Macron, le samedi 4 mars 2023, la délégation du Conseil de Sécurité des Nations unies, qui a séjourné en RDC le week-end dernier, n'a pas pu citer ouvertement le nom du pays qui soutient les terroristes du M23 pour déstabiliser la République Démocratique du Congo.
A la place d'une condamnation publique en citant nommément le nom du Rwanda puisque connu de tous, geste que les Congolais attendent des instances internationales, les membres de la délégation du Conseil de Sécurité de l'ONU ont plutôt préféré utiliser des termes flous et ambigus, évitant ainsi de pointer clairement du doigt le Rwanda comme pays qui agresse la RDC par le biais de la nébuleuse du M23. Les termes employés ont été les suivants : "Le pays auquel vous avez fait allusion ou le pays que vous avez cité...alors qu'ils ont reconnu que le M23 bénéficie du soutien d'un pays !"
C'est au cours de la conférence de presse, co-animée par les chefs de délégation après l'audience avec le Chef de l'Etat, que les membres de cette délégation de 15 ambassadeurs dont les pays siègent au Conseil de Sécurité comme membres permanents et non-permanents ont révélé l'objet de leur mission en République Démocratique du Congo.
Les deux chefs de délégation représentent, chacun une catégorie des membres siégeant au sein de cet organe de prise des décisions des Nations unies. A savoir le français Nicolas Rivière pour les 5 membres permanents, et le Gabonais Michel Blang pour 10 membres non permanents.
Premier à prendre la parole, le Gabonais Michel Blang a dit que la délégation du Conseil de Sécurité a échangé avec le Président de la République, Félix Tshisekedi, sur les questions sécuritaire et humanitaire, ainsi que sur le processus électoral en cours en RDC.
"Nous avons eu un échange très riche avec le président de la République, Félix Tshisekedi, qui nous a donné beaucoup de détails et formulé ses attentes par rapport à la situation sécuritaire et au processus électoral en cours", ont fait savoir les deux chefs de délégation.
Concernant l'objet de leur mission, Michel Blang a indiqué qu'ils ont refusé de toujours se contenter des rapports qu'ils reçoivent à partir de leurs bureaux à New York, et préféré descendre eux-mêmes sur le terrain afin de palper les réalités.
Son collègue Nicolas Rivière l'a complété en rappelant que c'est depuis octobre 2018 que le Conseil de Sécurité des Nations unies n'a plus effectué une descente en RDC.
"Nous sommes venus donner un message clair : le Conseil de Sécurité est aux côtés de la République démocratique du Congo.
La délégation est venue palper du doigt la situation sécuritaire et évaluer l'ampleur de la situation humanitaire", a-t-il déclaré.
Pour Nicolas Rivière, la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut à l'Est de la RDC est insupportable, elle ne doit pas continuer. Les groupes armés doivent arrêter leurs activités.
Interrogés sur "pourquoi les Nations unies traînent-elles le pas pour sanctionner le Rwanda, dont le soutien au M23 ne fait l'ombre d'aucun doute, Michel Blang et Nicolas Rivière ont fait remarquer que toutes les options sont envisageables. Avant de lâcher : "Aujourd'hui, il est établi que le M23 a le soutien d'un pays extérieur que vous avez cité".
Toutefois, ils ont condamné le pillage des ressources naturelles congolaises et le désastre que subit la population dans les zones d'insécurité parce que contrainte de fuir en vue de se mettre à l'abri du danger.
A propos de la situation humanitaire, ils ont signalé qu'ils continuent la mobilisation des partenaires en vue de la réponse appropriée à cette situation de crise.
Notons que la délégation était le samedi à Goma, dans la province du province où les terroristes du M23 causent la mort et désolation.