Le calme est revenu à Vontovorona. La présidence de l'université d'Antananarivo donne son feu vert pour la reprise des activités de cette École supérieure polytechnique d'Antananarivo (ESPA).
Des étudiants de l'École supérieure polytechnique d'Antananarivo (ESPA) à Vontovorona ont déserté le campus. Beaucoup ont été vus avec leurs bagages, sur le point de quitter leur résidence universitaire, hier. " J'ai emporté avec moi les objets essentiels, comme les cahiers, l'ordinateur et les vêtements, je n'y ai laissé que les ustensiles, car nous ne savons pas encore quand va reprendre les cours. ", indique un étudiant en cinquième année, après avoir fermé à clé leur chambre. Ses autres colocataires sont déjà partis, plutôt dans la matinée.
Seuls des étudiants qui n'avaient pas le moyen de rentrer chez eux, ont été vus dans le campus. " J'attends que mes parents m'envoient de l'argent pour payer les frais de transport. Mais je dois quitter ce bloc, demain, au plus tard, car nous avons entendu dire qu'il y aura des fouilles, d'ici là ", lance un étudiant en provenance de Mandoto. Ces étudiants sont inquiets pour leurs études. " Notre parcours estudiantin sera, encore, prolongé, à cause de cette fermeture de l'établissement. Des examens devraient avoir lieu la semaine prochaine, ainsi que des soutenances de mémoire. Ils seront donc reportés à une date ultérieure ", regrettent-ils.
Insultes
La veille, le président de l'université d'Antananarivo, le pr Mamy Raoul Ravelomanana a ordonné la fermeture de l'ESPA, jusqu'à nouvel ordre, et a demandé aux étudiants d'évacuer le campus. Il a pris cette décision, suite aux manifestations estudiantines non autorisées à Vontovorona, cette semaine, et suite " aux insultes proférées à l'endroit du chef de l'État ". Les étudiants répliquent. " Nous n'avons pas insulté le chef de l'État, nous avons dit " matoritory ", (ndlr : somnole), dans cette chanson. Puis, nous n'avons fait que revendiquer nos droits ", ripostent nos sources. Ces étudiants revendiquent le paiement des allocations d'équipement et quatre mois de bourses d'étude, la rénovation des infrastructures et des branchements électriques des blocs qui ont pris feu au début du mois de janvier, dans les plus brefs délais.
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Mesupres), la professeur Elia Béatrice Assoumacou a désavoué cette décision de l'université d'Antananarivo, durant l'émission " Tsy ho tompontrano mihono ", sur les chaînes nationales TVM et RNM, hier après-midi. " Seul le Centre régional des oeuvres universitaires d'Antananarivo (Croua) auprès du Mesupres est habilité à renvoyer ou à faire entrer des étudiants dans les cités universitaires. Le ministère n'a pas ordonné cette évacuation des étudiants. Donc, ils ont droit de rester et de circuler librement, dans le campus universitaire ", précise-t-elle. La ministre a profité de cette occasion pour expliquer que les moyens pour payer les bourses d'étude sont déjà disponibles, mais qu'il faut respecter les procédures de paiement. Finalement, tout rentre dans l'ordre à l'ESPA. La présidence de l'université d'Antananarivo a annoncé, également, la réouverture de ce campus au public, et la reprise de ses activités, suivant le planning établi par les responsables de parcours. Les étudiants qui sont déjà partis chez eux, devront reprendre le chemin du retour.
Le torchon brûle
Le torchon brûle entre l'État et les étudiants de l'université d'Antananarivo. Les associations des étudiants ont démontré qu'ils ne vont pas rester les bras croisés, suite à la fermeture de l'ESPA et à la convocation au conseil de discipline de leurs confrères. " Vous les hauts responsables, êtes assez matures pour connaître ce qui peut se passer si ces étudiants ne sont pas libérés de leur châtiment ", peut-on lire dans un communiqué signé par plusieurs bureaux d'associations d'étudiants. Dans la foulée, ils soulignent qu'ils ne toléreront plus les menaces et les incompétences de l'État. " Nous attendons les réclamations 2021-2022 et les bourses d'étude pour l'année 2022-2023. ", préviennent-ils. Ces associations notent que beaucoup d'étudiants n'ont pas perçu leurs bourses d'étude de l'année universitaire précédente. Elles signalent la dégradation de l'enseignement supérieur et jugent que l'État n'investit plus dans l'éducation et dans l'enseignement.