Plusieurs recommandations ont été faites à Saint-Louis, au sortir du séminaire de cinq (5) jours consacré sur la gestion foncière locale, à l'initiative du Comité Technique Foncier et Développement qui a réuni plus de 80 participants, venus de huit (8) pays d'Afrique et des partenaires d'Europe. Il s'agit entre autres d'éviter de transposer ce qui se fait dans un pays à un autre, vu que dans beaucoup de pays le droit coutumier foncier n'est pas reconnu, et d'éviter aussi de spolier les populations locales de leurs terres traditionnelles.
C'est ce qu'a fait savoir Sidy Mouhamed Seck, enseignant-chercheur à l'UGB de Saint-Louis et membre de ce Comité technique initiateur du séminaire. A l'en croire, "les recommandations qu'il faut tirer de ce séminaire sont d'ordres divers parce qu'on s'est intéressé à plusieurs questions."
En ce qui concerne le volet réforme foncière, il est entendu que, dans les huit pays qui ont participé à ce séminaire, il y a des situations très différentes. "Donc, il faut aller de manière prudente dans ces réformes et surtout prendre en compte les situations de ces pays-là parce que nous avons des pays où les autorités coutumières sont reconnues ou le droit foncier coutumier est reconnu mais il y en a d'autres où ils sont pas reconnus. Il faut surtout éviter de transposer ce qui se fait dans un pays à un autre.
Mais dans tous les cas, quelles que soient les options politiques, il faut également éviter de spoiler les populations locales de leurs terres traditionnelles", a fait savoir Sidy Mouhamed Seck, enseignant-chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis par ailleurs membre du Comité Technique Foncier et Développement qui a organisé ce séminaire.
Il faut, a-t-il poursuivi, trouver des formes de sécuriser ces terres. Car, a-t-il rappelé, il faut également rester ouvert à l'accueil d'investisseurs ; mais cet accueil doit être régulé. "Parce que si ces investisseurs sont accueillis et qu'ils ont des titres fonciers dans une commune ou au niveau de l'État, c'est un patrimoine qui est perdu pour la nation. Et même si le titre foncier peut être révoqué, il y aura toujours des indemnisations", a-t-il dit.
D'où la nécessité, selon lui, d'impliquer les autorités locales, les autorités coutumières dans la définition des orientations politiques. Il a rappelé, par la même occasion, que tant qu'il n'y a pas de paix, il ne peut pas y avoir de développement. "Le foncier constitue un des piliers, une des fondations d'une société donnée. Et quand on y touche, sans vraiment se concerter ou de manière brutale, on risque d'ébranler la société dans son entièreté".
L'autre point qui est apparu, c'est bien de donner des terres aux populations ou de reconnaître les droits qu'ils ont sur ces terres. "Mais lorsque nous faisons ça et que ces populations ont des exploitations familiales, sans leur donner les moyens de mettre en valeur ces terres-là, ça ne sert absolument à rien. Donner des moyens, ça ne veut pas dire leur donner de l'argent, mais plutôt mettre en place le cadre institutionnel et financier pour qu'ils puissent accéder à des prêts adaptés pour pouvoir mettre en valeur leurs terres.
Sinon, les risques, c'est que les gens n'ayant pas les moyens vont les vendre et ils vont devenir encore plus pauvre ou ils vont alimenter, comme on l'a vu dans certains pays, les mouvements djihadistes qui les recrutent", a-t-il conclu.