Le scrutin initialement prévu le 19 mars a été reporté par le gouvernement de transition afin de favoriser la campagne de vulgarisation du projet de Constitution.
Le gouvernement explique que le report permettra aussi d'installer les démembrements de l'Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) dans les 19 régions administratives du Mali, le district de Bamako et au sein de la diaspora malienne établie à l'étranger. Ce report du premier scrutin du chronogramme électoral, dont l'issue serait la présidentielle de février 2024, pourrait avoir de graves conséquences sur le processus de retour à l'ordre constitutionnel de façon globale.
L'annonce faite par le gouvernement de transition malien ne cesse de susciter des réactions, notamment au sein de la société civile. Selon Ismaël Sacko du Parti socialiste démocrate Africain (PSDA), un ex dignitaire du régime d'Ibrahim Boubacar Keita "ce report est une première victoire pour l'ensemble des démocrates du Mali. Je voudrais aussi rappeler que la junte militaire au Mali et son gouvernement nous ont habitués à ne pas respecter leurs engagements. Cela s'explique par leur mauvaise foi, leur incompétence et leur volonté de se maintenir au pouvoir." Il ajoute que "la mise en place de l'Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) au niveau national et ses démembrements à l'intérieur du pays, a malheureusement connu un grand retard. L'insécurité au centre et les bisbilles entre le gouvernement du Mali et les groupes armés sont des contraintes majeures à l'organisation du scrutin référendaire à l'échelle nationale."
Respect du calendrier électoral
Des questions autour du respect du calendrier tel que dévoilé s'invitent aussi dans le débat. Youssouf Daba Diawara, coordinateur par intérim de la Coordination des mouvements, association et sympathisants (CMAS) de l'imam Mahmoud Dicko estime que le calendrier électoral, tel que dévoilé par les autorités de transition, ne sera pas tenu.
"Nous pensons aujourd'hui que le gouvernement n'est toujours pas en mesure d'organiser les autres élections. J'estime qu'il y a toujours un problème d'organisation et un problème de visibilité par rapport à tout ce qui est en train de se faire pour mieux organiser les élections."
Youssouf Daba Diawara rappelle que "lors de la récente visite à Bamako du médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, nous avons constaté que sur les 59 activités prévues dans le calendrier, il n' y' avait pas que 17 qui avaient été réalisées par les autorités en place. Nous demandons au gouvernement de transition de surseoir aux autres élections (référendum, municipales, législatives) et d'aller directement vers l'organisation de l'élection présidentielle pour permettre au Mali de sortir de la crise multidimensionnelle dans laquelle il est plongé depuis 2012."
Pas de rejet unanime
Cependant, la décision des autorités de Bamako n'est pas rejetée par tous les acteurs. Souleymane Konaté, secrétaire général du collectif des acteurs des marchés du Mali (CNAM Mali), une organisation de la société civile qui soutient les militaires au pouvoir, affirme que "le report annoncé par communiqué du référendum constitutionnel par les autorités est une très bonne chose à mon avis. Cela permettra de réunir les conditions pour mieux organiser les élections à venir pour ainsi permettre à l'Autorité indépendante de gestion des élections ( AIGE) d'être plus efficace dans la gestion des élections. Nous avons constaté au Mali qu'il y'a toujours des mécontents, toujours des protestations après chaque élection. Pour éviter tout cela, il faut donc que toutes les conditions soient réunies pour mieux organiser ces élections". Le gouvernement de transition annonce qu'il aura dans les prochains jours des échanges avec les responsables de AIGE, mais aussi avec les acteurs impliqués dans le processus électoral au Mali.