Le Maroc a souligné la responsabilité de l'Algérie, en tant que pays hôte, de garantir un accès humanitaire sûr et illimité aux camps de Tindouf et de permettre l'enregistrement libre des populations séquestrées dans les camps, conformément à ses obligations et aux dispositions du droit humanitaire international.
Dans son allocution lors des travaux de la 86ème réunion du Comité permanent du HCR (7-9 mars 2023), l'ambassadeur représentant permanent du Maroc à Genève, Omar Zniber, a relevé que l'Algérie a contrevenu à ses obligations en transférant ses compétences, ses obligations et son territoire à un groupe armé séparatiste, constituant ainsi un précédent jamais atteint en droit international. "Nous assistons, avec sidération, à la militarisation des camps, à la formation de milices et à l'embrigadement d'enfants", a-t-il dit.
Dans le sillage du respect de la Convention de 1951 et de son Protocole additionnel, le diplomate a indiqué qu'il est inacceptable que l'État hôte n'assure pas le caractère humanitaire des camps.
M. Zniber a, en outre, rappelé que le rapport d'évaluation des activités du HCR sur la région MENA cite 17 États sur 18 dans lesquelles l'enregistrement des réfugiés a été renforcé en 2022, notant que le seul État ne s'étant pas soumis à cet exercice juridiquement et moralement contraignant est l'Algérie.
L'enregistrement constitue une protection vitale à la fois pour les personnes relevant de la compétence du HCR et le travail du HCR, afin d'éviter toute instrumentalisation politique de l'aide humanitaire, a-t-il indiqué. Et d'ajouter que "si le Maroc salue la hausse des procédures d'enregistrement des réfugiés dans la région MENA, en progression de 60% par rapport à 2021, nous appelons le HCR à faire toute la lumière sur l'obstruction des autorités algériennes".
L'approche algérienne consiste à justifier le détournement de l'aide humanitaire dédiée aux camps et l'enrichissement des leaders d'un mouvement séparatiste, a fait remarquer M. Zniber. Alors que l'Algérie se targue d'être un havre humanitaire, le Maroc souhaite rappeler ici les violations constantes de l'Algérie, où les refoulements teintés de racisme constituent une politique d'État, a poursuivi le diplomate.
En ce sens, le Maroc a réitéré son soutien aux efforts du HCR pour mettre fin aux politiques favorisant les arrestations arbitraires et les refoulements des réfugiés et demandeurs d'asile.
La mission du Maroc a également relevé que la politique d'Etat va à l'encontre des engagements internationaux de l'Algérie, pourtant signataire de la Convention de 1951, qui énonce le principe de non-refoulement dans son article 33, selon M. Zniber, qui a également affirmé que "les refoulements et l'exclusion mènent à une hausse inévitable des tentatives de passage illégaux, sous l'égide de réseaux de trafics d'humains et in fine aux catastrophes humanitaires auxquelles nous faisons face en Méditerranée".
Dans le cadre du rapport d'évaluation de ses activités dans la région MENA, le HCR a regretté la politique de refoulement menée par l'Algérie, réitérant son appel en faveur de "la liberté de déplacement et le droit à la liberté et à la sécurité des personnes".
Dans le cadre des travaux du Comité permanent dédié à la situation dans la région MENA, la mission du Maroc a mis en avant la politique humanitaire et volontariste du Royaume, cristallisée par la Stratégie Nationale d'Asile et d'Immigration, ainsi que les engagements nationaux du Maroc pour la pleine intégration des réfugiés et demandeurs d'asile, notamment par la signature d'un accord sur la santé entre le HCR et le Maroc et l'organisation en juin 2023, à Rabat, de la 3ème Consultation Mondiale pour la santé des migrants.
La mission a également passé en revue le partenariat conclu avec le Haut-commissariat aux droits de l'homme pour la formation destinée aux agents des douanes, et des forces de l'ordre et le co-parrainage d'un guide de formation pour une approche de la migration fondée sur les droits de l'homme, en tant que réponse humanitaire aux mouvements mixtes, lors de la prochaine session du Comité des travailleurs migrants, en avril prochain.