Madagascar: Recyclage musical - Le cover dérange

Depuis une décennie, le recyclage de musique est devenu tendance. Ce sont souvent les artistes en herbe qui s'y mettent pour se démarquer. Cependant, les créateurs originels se sentent parfois menacés. Leurs musiques sont modifiées, enjolivées. Le grand public, en écoutant le cover, a tendance à considérer le nouveau chanteur au détriment du créateur. Dès lors, un malentendu s'installe, ce qui implique également une guerre générationnelle.

Les voix se transforment, les messages initiaux sont parfois modifiés. Actuellement, une dose de "baby-lady" rend les fredonneurs célèbres. C'est sexy, ça vend ! Les moniteurs de studio deviennent des magiciens. On n'a plus besoin de voix de justesse ! La technologie sait tout faire, il fait tout le travail. A Madagascar, si la chorale était le passage obligé d'un chanteur, dorénavant, la nouvelle génération a tout le matériel pour produire de belles chansons. Des "instrumentaux" composés en 5 minutes, un hit enregistré en 30 minutes. Cette manière de faire est souvent critiquée par les vétérans. Eux qui ont besoin d'une journée, voire d'une semaine pour gratter leurs guitares, et d'un mois pour la prise vocale.

Pour ces anciens, la mélodie doit être bien structurée. Elle est conçue par l'inspiration pure. Celle de la nouvelle est-elle polluée ? En réalité, chaque génération apporte une nouvelle tendance, différente de celle des précédentes. Dans les années 1960 par exemple, les grand-pères d'aujourd'hui ont été critiqués par leurs parents lors de l'avènement du malesa, du baoejy.

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Ayant pris de l'âge, quelque peu déphasés, voire déconnectés de la réalité, ils reprochent à leurs petits-fils d'avoir dénaturé la " bonne musique ". Cependant, la musique évolue. Si les chansons du terroir ont autrefois été chantées au rythme des battements de mains, elles sont composées par des instruments de musique entre 1970 et 1980. Les chanteurs de l'époque réinterprètent les paroles à leur manière. Ensuite, les mêmes textes seront également repris par les jeunes, c'est le cover.

Par ailleurs, les chansons se transmettent de père en fils. Effectivement, c'est de cette façon qu'on conserve les paroles des ancêtres. Diavolana, Arô malemilemy sont des chansons de terroir inspirées par les ancêtres, pourtant ne quittent pas les lèvres des enfants de l'an 2000. La gue-guerre entre D.Lain et Babaïque à propos de Sarine n'en est qu'un aperçu. La plupart des artistes catégorisés old school n'apprécient guère que les jeunes reprennent leurs chansons !

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