Interpellés le 11 mars dernier, deux militants de la société civile ont été conduits à la Direction centrale des investigations de la gendarmerie nationale où ils ont été auditionnés avant d'être libérés quelques heures plus tard. Il s'agit, pour ne pas les nommer, de Abdoul Sako et Ismaël Diallo.
Que reproche-t-on exactement à ces derniers ? Difficile de répondre à cette question d'autant que le ministre de la Justice lui-même dit n'avoir pas été informé si fait que visiblement remonté, il exige des explications sur ces interpellations qui, dit-il, ont été conduites en violation de toute procédure légale.
En tout cas, en attendant le " rapport circonstancié " du procureur général de la République qui a reçu, à cet effet, des instructions, le garde des Sceaux de la Guinée dit prendre ses distances avec cette méthode cavalière et promet de ne tolérer aucune démarche violant les droits des citoyens en conflit avec la loi.
Fait extrêmement rare pour être souligné ! Car, nous sommes en Guinée où depuis l'avènement de la junte au pouvoir, les acteurs de la société civile vivent la diète, traqués qu'ils sont jusque dans leurs derniers retranchements si fait qu'à ce jour, ils sont nombreux qui ont été jetés en prison pour avoir voulu manifester pour réclamer une meilleure gestion de la transition devant faciliter un retour rapide des civils à la tête de l'Etat.
Redoutant une nouvelle escalade, le pouvoir de Conakry pourrait tenter de faire croire que ces interpellations sont l'oeuvre de personnes zélées
Qu'un ministre de la Justice dans ce pays-là et par ces temps qui courent, s'érige en avocat d'acteurs de la société civile au point d'appeler au respect de leurs droits, cela paraît pour le moins inattendu. Que cache une telle démarche ? Le garde des Sceaux guinéen veut-il faire croire à l'opinion qu'il n'est pour rien dans l'interpellation de Abdoul Sako et Ismaël Diallo au point de clouer au pilori la gendarmerie qui a conduit l'opération ?
C'est la question que plus d'un Guinéen se pose sans réponse. A moins que tout cela relève d'une stratégie de la part de la junte visant à décrisper l'atmosphère surtout que dans les coulisses, se mènent des tractations visant à favoriser une reprise du dialogue rompu entre l'opposition et le pouvoir actuel.
Autrement dit, redoutant une nouvelle escalade, le pouvoir de Conakry pourrait tenter de faire croire que ces interpellations sont l'oeuvre de personnes zélées et cela, pour ne pas gêner la médiation en cours des autorités religieuses. Ce n'est pas impossible surtout quand on sait que l'opposition a déjà fait sa part de chemin en acceptant de surseoir à la manifestation qu'elle avait prévue pour le 9 mars dernier.