Un accouchement sans complications peut coûter 40 dollars et 150 dollars pour une césarienne. Des sommes difficiles à régler pour des mamans démunies.
En République démocratique du Congo, des femmes sont retenues dans les structures de santé, faute de pouvoir payer les soins liés à leur maternité. Une situation insoutenable pour de nombreuses femmes.
" J'étais venue accoucher et cela s'est bien passé. Il me manque de l'argent, l'argent pour sortir de l'hôpital. Cela fait huit jours que je suis ici ", témoigne Jocelyne, 23 ans.
Sa petite Grâce, âgée de huit jours, allongée sur son flanc, la jeune maman est aujourd'hui bloquée car elle ne peut pas payer les frais liés à sa maternité.
Pratique assez courante
Dans ce pays, les maternités peuvent vite se transformer en lieu de détention pour les jeunes mères.
Sur le lit voisin de Jocelyne, Annaëlle et ses jumelles, Christivy et Christella, sont également bloquées. Yvette, sa maman à son chevet, explique que, "sa fille est venue accoucher ici. Elle a 16 ans. Et puis il y a eu une complication. On devait faire un accouchement normal mais on a dû lui faire une césarienne."
Selon la Banque mondiale, près de 64% des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars en 2021. Pour Yvette, payer les 40 dollars, soit 35 euros, pour l'accouchement aurait été possible. Mais à 150 dollars la césarienne, c'est une autre histoire.
" Nous sommes ici, il n'y a pas d'argent pour sortir. Nous trouvons la nourriture, nous mangeons, mais nous n'avons rien pour payer l'argent des frais de l'hôpital", nous confie avec tristesse Yvette.
Une situation que regrette le docteur Emmanuel Mpumpa, gérant de l'hôpital, qui dit pour autant ne pas avoir le choix.
"C'est pour faire fonctionner l'hôpital. L'hôpital fonctionne avec l'argent. Il faut avoir les produits, il faut changer les lits d'accouchement, vous avez vu l'état des lits... "
Grâce Mbongi paie les factures
Pour lutter contre cette situation, la business woman et mère de quatre enfants, a décidé, depuis 2017, de mettre la main à la poche en allant payer les factures à la place des jeunes mamans.
"L'objectif est clair. Je voudrais que demain, cela s'arrête. Que demain, les femmes dans mon pays accouchent dans des conditions correctes et qu'elles ne soient plus retenues parce qu'elles ne peuvent pas payer. Parce que je me suis rendu compte que dans les autres pays, même limitrophe, l'Etat prend en charge la gratuité de la maternité", dit Grâce Mbongi.
Manque de couverture maladie universelle
Le souhait de Grâce sera-t-il entendu ? Alors que l'élection présidentielle est dans moins d'un an, un projet de loi de couverture santé universelle a récemment été déposé sur le bureau du président congolais, Félix Tshisekedi.
L'accès à la santé était l'une de ses grandes promesses, un projet pilote a été mis en place en 2021 sur 169 aires de santé à travers le pays. Selon un membre de la Banque mondiale, les résultats seraient " encourageants".