Le ministre de la Défense et des Anciens combattants et celui de l'Energie, des Mines et des Carrières ont répondu respectivement à une question orale avec débats des députés de l'Assemblée législative de Transition (ALT), relative aux projets routiers en cours dans les zones d'insécurité confiées au génie militaire et les conséquences de l'abandon des sites miniers. Les échanges ont eu lieu, le mardi 14 mars 2023, à Ouagadougou.
Les députés de l'Assem-blée législative de Transition, réunis en session plénière, ont demandé au ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Kassoum Coulibaly et celui de l'Energie, des Mines et des Carrières, Simon Pierre Boussim de faire le point sur les réalisations de certaines infrastructures routières confiées au génie militaire et les conséquences liées à l'abandon des sites miniers dans les zones minées par l'insécurité. La première question, formulée par le député Yempabou Fayçal Harold Thiombiano a été adressée au ministre en charge de la défense.
Elle est relative à la suite réservée aux recommandations issues du rapport de la commission d'évaluation des capacités du génie militaire dans le cadre de la prise en charge des projets routiers en cours dans les zones dites rouges. Le ministre a fait savoir que le gouvernement a soumis le dossier relatif au projet d'accroissement des capacités du génie militaire à la République fédérale d'Allemagne (RFA) par le biais de son ambassade à Ouagadougou. " Sans avoir donné une réponse officielle indiquant qu'elle endosse totalement ou partiellement le projet, la partie allemande a entrepris d'accompagner la mise en oeuvre du projet en utilisant le mécanisme de la coopération militaire qui existe entre l'armée allemande et les forces armées nationales.
A ce jour, plusieurs lots d'équipements logistiques ont été acheminés à Ouagadougou par la partie allemande et attendent d'être remis officiellement ", a-t-il poursuivi. Par rapport au bilan de la mise en oeuvre du projet, selon lui, les résultats sont très en deçà des attentes. L'implication du génie militaire dans la prise en charge des projets routiers en cours dans les zones à fort défi sécuritaire n'est pas envisageable actuellement ni à court terme si des solutions appropriées ne sont pas recherchées.
Une volonté politique
Comme perspective à la question posée par le député Yempabou Fayçal Harold Thiombiano, le ministre a indiqué que l'accroissement des capacités du génie militaire pour la réalisation de grands travaux d'intérêt relève avant toute chose, d'une volonté politique. Pour le colonel-major Kassoum Coulibaly, la crise que traverse le Burkina Faso depuis 2015, démontre à souhait l'importance pour un pays de disposer d'outils stratégiques qui permettent de faire face rapidement et efficacement à des situations périlleuses pour la Nation.
" Ces outils qui concernent tous les secteurs vitaux identifiés doivent être bâtis sur des structures fortes de l'Etat. Dans le domaine des infrastructures, le génie militaire présente de par ses compétences et son champ d'actions, de réelles opportunités pour développer un outil stratégique. Pour y arriver, il est essentiel que l'Etat puisse s'assumer pleinement en réalisant par lui-même les investissements nécessaires ", a-t-il insisté. Le ministre a indiqué qu'il va poursuivre les efforts engagés pour l'aboutissement du projet en lien avec le génie militaire.
Source de financement du terrorisme
En réponse à la question sur les conséquences de la fermeture ou de l'abandon des sites miniers et d'orpaillage du fait de l'insécurité, le ministre en charge de l'énergie, Simon Pierre Boussim a tout d'abord déploré la situation. Selon lui,les conséquences de cet abandon se situent à plusieurs niveaux. " La production minière a connu une baisse de 13,73% à la date du 31 décembre 2022. Aussi, il y a eu une baisse des recettes au profit de l'Etat et des collectivités territoriales. Au titre des sites industriels, la fermeture a mis en chômage au moins 2 500 employés avec les effets corollaires dont la réduction des revenus de ménages, l'occupation et l'exploitation des sites abandonnés par des groupes terroristes... ", a-t-il précisé.
Evoquant une probable connexion entre l'exploitation artisanale d'or et le financement du terrorisme, le ministre a justifié leur fermeture par la volonté du gouvernement de couper les sources de financement du terrorisme. Déjà, à l'issue du Conseil des ministres du 27 avril 2022, le gouvernement avait annoncé la fermeture temporaire des sites d'orpaillage sur toute l'étendue du territoire national. En février 2023, 43 sites d'orpaillage ont été fermés dans la région de la Boucle du Mouhoun, et bien avant, en juin 2021, le gouverneur de la région du Sahel avait ordonné par arrêté, la fermeture de tous les sites d'orpaillage sur son ressort territorial.
Outre ces sites, la société des mines de Belahourou, Burkina Mining Company, la société des mines de Taparko...ont été fermées. " Ces mesures visent à limiter, voire à réduire le trafic d'explosifs sur ces sites artisanaux qui sont souvent détournés au profit de groupes armés terroristes. ", a commenté Simon Pierre Boussim. Toutefois, il a rassuré que le gouvernement est conscient de la situation et son département est engagé à accompagner les industriels et les artisans miniers dans la sécurisation de leurs installations et approvisionnements.