Sénégal: Diamniadio, un hôpital au service des enfants

Dakar — Les responsables du centre national hospitalier pour enfants de Dimaniadio ne ménagent pas leur peine pour prodiguer des soins aux nombreux enfants que la structure sanitaire accueille quotidiennement et qui sont les cibles privilégiées de ses interventions, malgré le poids des années qui commence à peser sur les équipements.

Bâtie sur une superficie de cinq hectares, cet hôpital, qui a été construit grâce à la coopération entre la République populaire de Chine et l'Etat du Sénégal, a démarré ses activités en août 2012.

Il est 9 heures passées ce mardi 14 février lorsque l'équipe de reporters de l'APS franchit le portail de l'hôpital. A l'intérieur de l'établissement sanitaire, c'est un va-et-vient perpétuel de femmes portant des enfants au dos, ou les tenant par la main. Certaines d'entre elles sont venues par taxi, tandis que d'autres ont rallié l'hôpital à pied.

Aux côtés de leurs accompagnants, la plupart des femmes, de nombreux enfants ont pris place sur des chaises dans les couloirs de la structure de santé. Bravant l'air frais du matin, d'autres se sont installés sur l'aire de jeu de la grande cour de l'hôpital.

"J'ai amené ma fille, je viens du village de Ngayane Sabakh, dans le département de Nioro. Nous avons été référés ici, mais nous avons été bien accueillis et mon enfant a été vue et bien traitée depuis le premier jour", déclare Babacar Lo, venu accompagner son enfant malade.

Trouvé au service ORL, ce père de famille déplore toutefois le problème d'hébergement qui se pose pour les accompagnants des malades internés. "Notre problème, c'est juste l'hébergement pour nous qui venons de loin. C'est notre troisième rendez-vous, nous avons fait beaucoup d'allers-retours. L'hôpital doit penser aux malades qui viennent de loin", suggère-t-il, tenant sa fille assise sur ses jambes.

Fanta Diédhiou, une mère de famille, explique avoir choisi d'amener son enfant à Diamniadio en raison de la bonne prise en charge dont y font l'objet les malades. "J'ai choisi l'hôpital de Diamniadio parce que pour la prise en charge, ils sont rapides et efficaces. Dès que vous arrivez et à n'importe qu'elle heure de la journée, on vous reçoit", fait-elle valoir.

60 à 70 enfants consultés par jour en ORL

A l'hôpital d'enfants de Diamniadio, l'utilité du service ORL pédiatrique n'est plus à démontrer, si l'on en juge par les propos du chef de service, Pr Malick Ndiaye, selon qui "les pathologies ORL sont très présentes chez les enfants". "Nos collègues pédiatres voient beaucoup d'enfants pour ces affections ORL, comme les rhinopharyngites. C'est indispensable d'avoir un service ORL dans un hôpital pédiatrique. Le panorama des pathologies montrent que les rhinopharyngites (inflammation des fosses nasales et des sinus) reviennent souvent", explique le Professeur Ndiaye.

Selon lui, "c'est une maladie d'adaptation, parce que l'enfant a besoin de faire plusieurs épisodes de rhinopharyngites pour acquérir des anticorps. Si on prend l'année 2022, les rhinopharyngites représentent 17 %, les angines incluses, les allergies 6 % et 13% pour le syndrome arachnoïdien, ce qu'on appelle les végétations".

Le Pr Ndiaye, qui est également le coordonnateur de l'enseignement d'ORL à l'UFR des sciences de la Santé de l'université Iba-Der-Thiam de Thiès, juge que ''la fréquentation de l'hôpital est normale". Il rappelle qu'à l'ouverture du service en 2013, il lui "arrivait de rester plusieurs heures pour voir au maximum cinq patients". Aujourd'hui, il reçoit beaucoup plus de malades, dont le nombre "varie en fonction des jours". "En début de semaine, entre lundi et mardi, nous pouvons recevoir 60 à 70 patients par jour et en fin de semaine, nous en recevons moins", a-t-il précisé.

Certes, les patients "viennent essentiellement de Rufisque", mais en raison du fait que l'hôpital d'enfants est "un centre de référence en ORL pédiatrique", il "reçoit aussi d'autres patients venant de toutes les régions du Sénégal", explique-t-il. "Il n'y a pas que la consultation dans le service ORL, il y a l'activité chirurgicale, qui est une partie importante du service. Nous faisons des interventions chirurgicales les mercredi, jeudi et vendredi", a -t-il signalé.

Le service ORL de l'hôpital de Diamniadio, créé en 2013, est un service hospitalo-universtaire avec des enseignants et des étudiants en spécialisation d'ORL, a-t-il rappelé. Cette dernière est une spécialité médicale et chirurgicale portant sur des maladies du nez, de la gorge, des oreilles et du cou avec globalement des maladies infectieuses, malformatives (les enfants), traumatiques, entre autres.

La pédiatrie, un service très sollicité

A l'hôpital de Diamniadio, le service pédiatrique est également très sollicité avec ses deux unités, celles des urgences et des hospitalisations. En ce mardi 14 février, son hall est pris d'assaut par de nombreux d'enfants accompagnés de leurs parents. Au fond d'un long couloir, quelques éclats de voix s'échappent d'une porte ouverte.

"Chaque matin, nous faisons une petite réunion avec le staff qui nous permet de voir tous les patients hospitalisés, ceux qui étaient déjà en situation d'urgence et pris en charge, voir aussi s'ils sont stables", explique le Professeur Ndèye Ramatoulaye Diagne Guèye, pédiatre, spécialiste en néonatologie et chef du service pédiatrie. Cette réunion "nous permet, dit-elle, d'avoir une photographie de ce qui se passe dans l'hôpital, puisque les médecins qui sont en garde s'occupent des enfants qui sont au service d'accueil des urgences et de ceux qui sont dans les unités d'hospitalisation en pédiatrie".

L'objectif "est de voir les malades, de vérifier que les diagnostics ont été correctement posés, les traitements ont été bien faits, sachant aussi que le médecin d'astreinte est en permanence avec eux et un médecin-résident qui peut intervenir si la demande lui est faite", précise-t-elle.

"Une fois les patients arrivés, notre travail consistera à lever l'urgence et puis après, selon la disposition des places disponibles dans la structures, ils sont retenus ici. Dans le cas contraire, on les transfère dans d'autres structures, après les avoir pris en charge au niveau des urgences", poursuit son collègue, Professeur Idrissa Basse, cardiologue et chef du service d'accueil des urgences. Il révèle sur la base du dernier rapport trimestriel, que 1500 patients ont été reçus. "C'est un nombre important", considère-t-il, relevant toutefois que ce nombre varie en fonction des jours. "Habituellement, ce sont les lundis qu'on reçoit le plus de patients", rappelle-t-il.

"Nous n'avons pas une grosse capacité, à peine une dizaine de lits qui sont fixés, mais avec les extensions cela peut aller jusqu'à 16 lits. Notre politique, c'est que tout le monde doit recevoir des soins, la prise en charge doit être la plus optimale possible", poursuit le chef de service des urgences. Et d'ajouter : "Nous avons choisi de toujours discuter avec les parents, ce qui est le problème des urgences, ce qui fait qu'elles sont pointées du doigt. Il y a une discussion préalable qui est faite avec les parents et pour les soins qui sont faits."

Un hôpital "au milieu de nulle part", des patients venant de loin

La cheffe du service pédiatrique, le Professeur Ramatoulaye Diagne Guèye, estime que "c'est très difficile ici à Diamniadio", car l'hôpital se trouve "au milieu de nulle part" et ses "patients viennent de très loin", "ce qui fait que nous pouvons pas leur refuser des soins". Aussi les responsables de l'hôpital ne fixent-ils aucune limite pour les consultations. "Nous ne les limitons pas, nous les prenons comme ils viennent", indique-t-elle.

Ndèye coumba Seck est venue accompagner sa petite-fille qui "vient de sortir du bloc opératoire". "Elle n'a même pas deux ans, mais son ventre était gros comme celui d'une femme enceinte de neuf mois. Nous venons de Mbour. Elle se porte bien. Nous sommes venus lundi et l'intervention chirurgicale a été faite le lendemain", a-t-elle témoigné.

Maguette Diouf, un père au chevet de son fils souffrant d'une hémorragie interne, juge que la tarification de l'hôpital est flexible. "Quelle que soit votre situation financière, on vous prend en charge d'abord. Il y a un côté social important dans cet hôpital", témoigne-t-il. "J'habite à Niacourab, j'ai amené mon fils de 10 ans, parce qu'il est tombé et il avait une hémorragie interne et des blessures sur tout le corps. Les médecins nous parlent et s'occupent des malades. Cela me rassure", ajoute-t-il.

Pr Diagne Guèye précise que "les pathologies plus fréquentes sont celles respiratoires". "C'est parce que peut-être nous sommes dans une zone un peu industrielle avec la pollution. Autour de Rufisque, nous avons beaucoup de pathologies respiratoires", tente-t-il d'expliquer.

Le chef du service pédiatrie, Professeur Ndèye Ramatoulaye Diagne Guèye, déclare que "le besoin en matériel existe, d'autant plus que c'est un hôpital qui a ouvert ses portes depuis 2012". Il estime que l'heure est venue de "penser à changer ce matériel devenu obsolète". "Il nous faut du matériel de réanimation, des ventilateurs artificiels, des échographes. Ce matin seulement nous discutions du cas d'un enfant pour qui nous demandions s'il fallait le mettre sous ventilateur artificiel, parce que nous n'en avions pas de disponible. Ceux qui étaient là, étaient déjà occupés avec d'autres enfants", a-t-elle regretté.

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