C'est peut-être le signe d'une décrispation au sein de la classe politique guinéenne. En effet, le lundi dernier, des représentants d'une coalition des principaux partis d'opposition ont accepté de rencontrer une délégation gouvernementale, conduite par le Premier ministre, Bernard Goumou.
Après des mois sans dialogue, l'Opposition constituée de certains poids lourds de l'échiquier politique guinéen a décidé de jouer la carte du dialogue à la suite de la médiation des leaders religieux.
La délégation est composée entre autres des représentants des partis politiques comme le Rassemblement du peuple de Guinée RPG arc-en-ciel du Président déchu Alpha Condé, de l'Alliance nationale pour l'alternance démocratique, une coalition dirigée par Cellou Dalein Diallo et le Front national pour la défense de la Constitution. Rien qu'à voir cette configuration, il est superflu de dire que des efforts ont été consentis pour que les lignes puissent bouger. Si ce retour à la table de pourparlers est un espoir de trouver un modus vivendi, malheureusement, force est de constater qu'on est encore loin de ce compromis salvateur. En effet, cette première rencontre qui a été brève montre que le processus est loin d'être un long fleuve tranquille.
En réalité, l'Opposition est partie à la table de négociation avec des inquiétudes. Car, pour elle, les conditions ne sont véritablement pas réunies. L'interpellation de deux de leurs militants, le 11 mars dernier, l'arrestation d'un certain nombre de ses dirigeants et les poursuites judiciaires lancées contre d'autres sont perçues comme un poignard sous la gorge. En sus, les autorités de la Transition ont interdit toute manifestation. De telles situations risquent de plomber les chances de réussite de l'initiative des leaders religieux. Il est vrai que ces hommes de Dieu ont réussi un pari.
En effet, ils sont parvenus à reporter une manifestation de l'Opposition initialement prévue la semaine dernière. Cependant, la question qui taraude toujours les esprits est de savoir à quand cet arbitrage va-t-il durer ? La Guinée est dirigée depuis 2021 par une Transition à la faveur d'un coup d'Etat qui a renversé le Président Conté. Les militaires ont consenti, sous l'égide de la communauté internationale à céder le pouvoir à des civils en fin 2024. Nous sommes à moins de deux ans de l'échéance et les parties n'arrivent toujours pas à s'entendre pour opérer les réformes nécessaires pour un retour à un ordre constitutionnel normal.
En tous les cas, il n'est de l'intérêt d'aucune partie de perdurer dans une situation mitigée. Cette première rencontre de prise de contact a été l'occasion d'aborder des préalables posés par l'Opposition à savoir la libération des personnes interpellées. A ce propos, le Premier ministre s'est engagé à trouver une solution à la doléance de l'Opposition. Vivement que les deux parties arrivent à arrondir les angles. Car dans cette situation de mi-figue mi-raisin, ce sont les populations qui vivent dans l'angoisse.