La MONUSCO a conduit une mission de sensibilisation à la paix du 6 au 9 mars 2023 dans le territoire de Djugu, dans la province de l'Ituri. L'équipe, composée d'une dizaine de membres de différentes sections de la mission onusienne en Ituri, a participé à ces déplacements à Fataki et Bule. Ce déplacement sur le terrain a permis d'échanger avec les populations sur la protection civile, le P-DDRCS et le dialogue intracommunautaire. Les populations de ces localités ont profité de cette occasion pour soumettre leurs doléances.
A Fataki, première étape de cette visite de terrain de trois jours, les échanges avec les leaders de la société civile, chefs traditionnels locaux et populations, ont porté notamment sur les défis sécuritaires. Même si on constate une amélioration de la situation dans cette localité endeuillée au cours de ces dernières années par plusieurs attaques de groupes armés, les habitants vivent toujours dans la peur de nouvelles incursions meurtrières. C'est ce qu'ils ont exprimé lors des échanges tout en remerciant la MONUSCO d'avoir contribué à cette accalmie.
L'une des participantes se réjouit de ces échanges, et nourrit l'espoir de voir la paix être rétablie de façon pérenne dans leur milieu : " Je suis contente parce qu'on a parlé de la paix. Nous voulons qu'il y ait la paix parce que nous les femmes nous avons souffert ici. "
Une autre femme qui a participé à ce face à face se réjouit également de l'organisation de cette activité. Elle espère que les messages de la MONUSCO auront un impact positif sur les populations et les pousseront à s'engager davantage dans la consolidation de la paix pour qu'enfin cessent les souffrances des femmes, principales victimes, avec les enfants, des conflits : " Nous sommes très contents que la MONUSCO soit arrivée pour nous aider à chercher la paix. Nous avons besoin de la paix. Nous, les mamans, nous souffrons beaucoup. Si vous essayez d'aller au champ, vous tombez dans les problèmes ", a-t-elle déclaré.
La paix définitive est possible à Fataki, a réagi Sado Bahemuka, officier de la section des Affaires civiles de la MONUSCO. Il a rappelé que pour y parvenir, chacun doit s'investir et y travailler " car la protection est communautaire ".
Sado Bahemuka a donc invité les populations à soutenir et à accompagner le P-DDRCS mais aussi le dialogue intra-Hema, deux actions qui vont créer les conditions d'une paix durable, voire définitive. Il a recommandé à l'assistance de sensibiliser leurs communautés pour qu'elles " embrassent le processus P-DDRCS pour enlever les armes qui créent des problèmes, et pour que la paix revienne à Fataki ".
Pas de paix sans justice
La mission s'est ensuite rendue à Bulé dans la chefferie des Bahema Badjere où, il y a un an, une cinquantaine de civils avaient péri suite à l'atttaque par des groupes armés d'un camp de déplacés. Des dizaines de personnes avaient également été blessées, ce qui avait provoqué la colère des députés de la province sous état de siège depuis mai 2021.
Ici, la MONUSCO a répété le message de paix en invitant les leaders communautaires et de la société civile présents à y adhérer et à s'en approprier pour le bien de tous. Cet appel a été précédé d'échanges parfois vifs au cours desquels certains leaders ont estimé qu'on " ne peut parler de paix à Bulé sans justice ". Ils souhaitent que les auteurs de crimes et d'exactions contre les populations soient d'abord identifiés et poursuivis. C'est ce qu'a notamment défendu un leader communautaire dans la zone : " Les villages autour de Bule sont désertés. Nous voulons rentrer chez nous et demandons qu'on laisse la justice faire son travail. Sans la justice il n'y a pas de paix possible ".
Réagissant à ce cri de détresse, Sado Bahemuka, officier de la section des Affaires civiles de la Monusco, a rappelé que les crimes de guerre étant imprescriptibles " justice sera rendue tôt ou tard aux victimes ". Il a souligné que cette étape doit être précédée d'une phase d'apaisement des coeurs afin d'éviter la répétition des crimes.
Pour Naomi Love, habitante de Bule, la paix reste l'urgence au regard de lourds conséquences sur les populations : " L'arrivée de la Monusco ici à Bule sera une bonne chose s'il y a la paix. Nous sommes condamnés à vivre en paix car sans la paix nous ne savons quoi faire, parce que dans les atrocités, nous les mamans et les enfants qui sommes victimes, souffrons beaucoup. L'essentiel est que le gouvernement fasse l'effort pour que tous les déplacés puissent regagner leur milieu. Ainsi la vie va continuer et tout sera normal ".
Le dialogue intra-Hema divise à Bule
A propos du dialogue intra-Hema, certains ont exprimé leur opposition à cette initiative, en se fondant sur des rumeurs selon lesquelles la MONUSCO et les autorités provinciales seraient à la manoeuvre. La MONUSCO a dénoncé cette campagne de désinformation et a partagé - au nom de la transparence - avec le président de la société civile locale des documents démontrant le rôle uniquement d'appui à ces discussions.
Abordant la question relative au processus électoral en cours en RDC, les femmes de Bulé ont salué l'appui logistique qu'apporte la MONUSCO à la commission électorale notamment dans le transport et l'acheminement du matériel d'enrôlement dans diverses localités de la RDC.
A chacune des étapes, les populations ont également été sensibilisées sur les actions à mener et les recours en cas d'exploitation et d'abus sexuels par le personnel de la Mission.
Ces différentes rencontres ont été aussi l'occasion de constater la belle symbiose entre les communautés et les Casques bleus des contingents népalais et bangladais déployés à Fataki, Gina et Bulé (BAYOO). Les populations ont salué leur rôle déterminant dans la protection des populations civiles singulièrement celles installées dans les différents sites de déplacés situés près des camps des soldats de la paix.