Le programme a démarré en 2018 et a bénéficié à plus de 1.600 artisans à travers 10 gouvernorats. Il a également permis de créer des Groupements d'intérêt économique (GEI) dans l'objectif de réunir les artisans de chaque cluster et de consolider leurs capacités de production.
C'est en grande pompe que l'ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, Joey Hood, a inauguré, vendredi dernier, l'espace Acea au Salon de la création artisanale qui se tient du 10 au 19 mars au Parc des expositions du Kram. C'est un stand dédié aux bénéficiaires de l'initiative Acea 'Action Collaborative pour les exportations artisanales', qui est un programme d'appui aux artisans, financé par l'ambassade des Etats-Unis à hauteur de 5,6 millions de dollars. Implémenté par l'organisation FHI 360 en partenariat avec l'Office national de l'artisanat (ONA), le programme a démarré en 2018 et a permis, depuis, de soutenir plus de 1.600 artisans à travers 10 gouvernorats. Selon Haïfa Ben Saoud, directrice de Acea, ce projet de développement vise à renforcer les chaînes de valeur artisanales, particulièrement du bois d'olivier (à Sidi Bouzid et Sfax), des huiles essentielles (dans les régions du Nord-Ouest), du tissage traditionnel (à Toujane et Belkheir) et de la poterie traditionnelle (dans la région de Barrama à Siliana).
Grâce à un programme de renforcement capacitaire, les artisans ont pu développer des compétences en matière de marketing et de communication. Ainsi, ils ont été initiés aux méthodes de création de marques commerciales, de conception des emballages et d'obtention de certifications internationales. L'objectif est de valoriser et d'assurer une montée en gamme des produits artisanaux commercialisés. La clusterisation des artisans est, aussi, l'un des principaux apports du projet Acea. Des Groupements d'intérêt économique (GEI) ont été créés afin de réunir les artisans de chaque cluster. Cela leur permet de se doter d'une plus grande marge de négociation à l'égard des clients, mais surtout de consolider leurs capacités de production.
" La capacité de production et la régularité de la qualité sont les principaux défis qui se posent au niveau de la commercialisation des produits artisanaux. Regrouper les artisans dans des clusters ou dans des structures légales leur permet d'unifier la qualité des produits fabriqués tout en conservant leur nature artisanale. Cela leur permet aussi de partager les connaissances et l'expertise et d'avoir un pouvoir de négociation à l'égard des marchés à haute valeur ajoutée", a précisé Ben Saoud.
L'événement a été, aussi, l'occasion de lancer officiellement la plateforme dédiée à la commercialisation des produits fabriqués par les bénéficiaires de l'initiative Acea. Il s'agit d'un site vitrine qui permet aux artisans de gagner en visibilité et de commercialiser leurs produits que ce soit en Tunisie ou à l'international. Selon Ben Saoud, aujourd'hui, les artisans ont les reins solides. Elle estime que, une fois le programme achevé, ces derniers sont prêts à poursuivre, pérenniser et développer leurs activités.
Un appui qui tombe à pic
"L'idée de se regrouper en une structure organisée était invraisemblable. Le programme nous a permis de concrétiser ce dont on rêvait", a témoigné Fatma Kassis, artisane et présidente du premier GEI spécialisé dans le bois d'olivier Oléa. Tout sourire, animée par la passion qu'elle voue au travail du bois d'olivier, la trentenaire qui voit grand est d'ores et déjà allée en quête de nouveaux marchés à l'étranger. Pour la diplômée de l'Ihec, mettre en commun les ressources et l'expertise dont on dispose dans le cadre d'un groupement qui réunit aujourd'hui 13 artisans, dont 10 se sont déjà lancés à l'export, était la solution idoine pour pouvoir gérer la demande croissante des clients étrangers. Accompagnée de ses coéquipiers, elle manie et travaille le bois et en fait des pièces uniques et authentiques. Pour satisfaire tous les goûts, les artisans de son groupement offrent une panoplie de produits qui allient l'utilité au raffinement.
Allant des pièces dites" rustiques", jusqu'aux ustensiles de cuisine, passant par les articles de décoration, tout est fait main et façonné par des artisans aux doigts de fée. Pour Kassis, le lancement de la nouvelle plateforme tombe à pic au moment où les artisans essayaient de trouver des solutions pour commercialiser leurs produits à l'étranger. "Le lancement de la plateforme est une bonne nouvelle qui a été bien accueillie. La commercialisation en ligne figure parmi nos objectifs. On se creusait la tête pour identifier les moyens adéquats qui vont nous permettre d'accéder au marché international.
Car, mis à part la commercialisation via les réseaux sociaux, les moyens étaient limités et le marché local est petit. On n'avait pas d'autres choix que d'aller en quête de nouveaux horizons", a-t-elle ajouté. Aujourd'hui, le programme a pu donner des ailes à Fatma Kassis et à bien d'autres artisans qui voient des horizons dorés s'ouvrir devant eux. Mais seule leur détermination leur permet de se frayer un chemin vers le succès.
