Dakar — Plus de 60 enfants souffrant de surdité sont pris en charge à l'hôpital de Diamniadio, dont seuls deux ont pu se payer un implant en 2022, a-t-on appris du docteur Pape Yakhya Bâ, en service dans cet établissement sanitaire et selon lequel "beaucoup de cas de surdité" sont notés "depuis quelques temps" chez les plus jeunes.
"Depuis quelque temps, nous avons noté beaucoup de cas de surdité chez les enfants. Nous avons plus de 60 malades qui sont sourds-muets si on peut les appeler comme cela", a révélé ce médecin ORL dans un entretien avec l'APS.
"Si on ne fait rien, ils ne vont pas parler, ils ne vont pas entendre et s'ils n'entendent pas, ils ne vont pas parler", a dit le docteur Bâ, selon lequel "depuis le diagnostic jusqu'à la prise en charge, la surdité pose problème.
La prise en charge est beaucoup plus chirurgicale, explique-t-il, "le plus souvent, c'est un dispositif électronique appelé implant que l'on met dans l'oreille pour le connecter avec le cerveau pour que l'enfant puisse entendre".
"Cet appareil coûte entre 12 millions et 14 millions de francs CFA. L'année dernière, on a fait deux implants. Ce sont des patients qui ont pu payer leur appareil", a encore souligné le spécialiste.
"Douze millions, quatorze millions, c'est beaucoup. C'est un processus et même si on implante le dispositif, il y a maintenant un processus pour que l'enfant entende. Il y a des réglages, l'apprentissage de la parole et même l'insertion", a-t-il indiqué.
Revenant sur les causes de la surdité, docteur Bâ a expliqué que la cause de cette maladie "est le plus souvent génétique. C'est pour cela qu'avec le pôle mère-enfant de l'hôpital, nous sommes en train de voir comment faire le diagnostic à la naissance ou le diagnostic prénatal, parfois même post natal".
"C'est ce qui fait qu'aujourd'hui, nous sommes limités parce que le diagnostic pur et dur, il faut vraiment de la biologie moléculaire. C'est comme la drépanocytose, on peut faire des tests pour prévenir la surdité", a-t-il indiqué.
"Parfois dans des familles, il y a une gêne de surdité, des gênes qui font que le plus souvent s'il y a un mariage, la surdité peut survenir et quand il y a surdité pour ces cas de figure, il faut l'intervention chirurgicale", a relevé docteur Bâ.
Il note par exemple qu'il y a une surdité post- linguale, qui concerne "des gens qui ont déjà parlé, qui ont une pathologie qui font qu'ils deviennent sourds. Si on fait des implants, ils peuvent entendre correctement".
Dans le cas d'un enfant qui "n'a jamais entendu, au-delà de 5 ans à 6 ans, les aires auditives sont orientées à d'autres fonctions", a-t-il précisé.
En ce concerne les solutions possibles à la lutte contre la surdité, le médecin milite pour la mise en place d'une association dédiée à la prise en charge de ces enfants.
"Avec cette structure, nous avons de bonnes volontés qui sont prêtes [...] à prendre ces enfants en charge", a déclaré le docteur Bâ.
Le chef de service ORL de l'hôpital d'enfants de Diamniadio, le professeur Malick Ndiaye, au-delà de la surdité, souligne la nécessité d'une prise en charge spécifique de l'oreille qui est un besoin du fait de sa particularité.
"L'otologie traite toutes les pathologies de l'oreille", a-t-il fait savoir, en signalant que cette discipline est l'objet d'un diplôme panafricain d'une année qui fait intervenir des ORL venant de plusieurs pays d'Afrique à l'UFR des sciences de la santé de l'université de Thiès.
"Cette formation en otologie a été créée au Sénégal en 2022. C'est une sous-spécialisation dans la spécialité ORL. C'est dû à la particularité de l'oreille. Il y avait un besoin d'avoir encore d'amples connaissances sur l'oreille pour être otologiste", a encore expliqué le médecin.
Cette formation en otologie en est à sa deuxième année, avec une trentaine de médecins enrôlés l'année dernière.