Alors que le ministère de l'Éducation s'efforce de réformer le système éducatif et d'améliorer les résultats des élèves, la direction dans certains collèges d'État est pointée du doigt. De récents incidents dans certains établissements, qui pourraient être qualifiés de harcèlement de certains responsables à l'égard du personnel enseignant et non enseignant, ont poussé les victimes à envoyer des lettres de doléances au ministère de l'Éducation pour qu'une solution concrète soit trouvée. À ce jour, aucune action du ministère, alors que ces enseignants disent travailler dans un environnement de terreur où les responsables des établissements se per- mettent de faire la pluie et le beau temps.
Les responsables des établissements scolaires jouent un rôle clé dans l'amélioration des résultats de l'école, en agissant sur la motivation et les capacités des enseignants, ainsi que sur l'environnement et le climat à l'école. Une direction d'établissement efficace est essentielle pour améliorer l'efficience et l'équité de l'enseignement scolaire, soulignent des enseignants.
Pourtant, depuis quelque temps, ces derniers sont victimes de harcèlement, à un tel point qu'ils en sont affectés psychologiquement. Ces enseignants ainsi que des élèves sont même venus de l'avant pour dénoncer la situation dans certains collèges sur les réseaux sociaux et demander de l'aide après que leurs plaintes au niveau du ministère n'aient pas abouti.
Tyrannie
Il en ressort des recteurs de certains collèges d'État se permettent de "maltraiter" les enseignants et le personnel non enseignant. Ils abuseraient de leur fonction et de leur autorité pour casser psychologique- ment leurs collègues. Il y a quelques semaines, une enseignante d'un établissement de Belle-Rose a fait part d'un incident impliquant la rectrice, un planton et elle-même. La jeune femme, enceinte, raconte qu'elle est sortie de sa classe pour remplir sa bouteille d'eau quand un planton lui a proposé de le faire à sa place vu son état de santé. L'enseignante en question avait quelques difficultés en raison de sa grossesse. "J'ai accepté que le planton m'aide car il fallait marcher beaucoup pour remplir ma bouteille."
La rectrice, qui n'était pas loin et avait entendu la conversation, a commencé à insulter le planton en lui demandant pour qui il travaillait. "Elle a commencé à me dire des mots déplacés sur ma grossesse", a raconté l'enseignante. Ce n'est pas la première fois que cette responsable aurait eu des altercations avec le personnel, a-t-elle ajouté. "Elle trouve toujours des mots déplacés et des remarques à faire. Elle ne s'arrête pas à des commentaires car souvent elle prend des actions punitives. Elle est comme un tyran", disent d'autres enseignants de cet établissement. Pourtant, le personnel a maintes fois écrit au ministère pour rapporter ces incidents, mais aucune action n'a été prise jusqu'à présent. "Des sanctions administratives doivent être prises, ne serait-ce que pour dissuader ceux qui seraient tentés d'emprunter une démarche de harcèlement", disent-ils.
Petits copains
Ce ne serait pas un cas isolé car certains membres de l'opposition, dans une conférence de presse, sont aussi montés au créneau pour dénoncer l'atmosphère de terreur qui règne dans certains établissements après le décès d'une enseignante. Cette dernière aurait fait un malaise après une altercation avec le responsable de l'établissement où elle travaillait. Selon des enseignants de ce col- lège d'État, l'enseignante qui souffrait d'hypertension, était très affectée de- puis quelque temps par la façon de faire du recteur qui s'acharnait sur elle à la moindre occasion.
Le recteur aurait eu des ennuis avec d'autres membres du personnel également. D'autres cas de harcèlement ont été portés à la connaissance du ministère sans pour autant, il semblerait, que cette autorité daigne réagir. Ces enseignants demandent au ministère de prendre toutes ses responsabilités afin de ne pas laisser impuni administrativement ce type d'agissements contraire à la déontologie qui doit prévaloir, notamment et particulièrement pour des responsables des collèges.
Les dispositifs de recrutement, disent-ils, peuvent aussi avoir un impact considérable sur la qualité de la direction de l'établissement. "Parfois, des recteurs 'petits copains' sont placés à la tête des établissements sans qu'ils ne soient qualifiés pour ce poste. Ils se croient tout permis parce qu'ils ont des contacts poli- tiques. Si on les rapporte, on est pénalisé", s'insurgent ces enseignants, qui considèrent que ce type d'agissements porte atteinte au devoir d'exemplarité des responsables d'établissement, et démotive au quotidien ceux qui assument avec compétence et sérieux leur mission.
Sollicité, un préposé du ministère, se refusant à tout commentaire, devait indiquer que "le ministère va suivre cette affaire".