Nouvelle séquence politique tendue au Sénégal avant le procès pour diffamation de l'opposant Ousmane Sonko, prévu jeudi. Après un meeting qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes mardi à Dakar, la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi a appelé à des marches ce mercredi à travers le pays, dont une à Dakar qui a été interdite par les autorités. Mais l'opposant a été finalement empêché de sortir de chez lui, illustrant les tensions en amont de la présidentielle de février 2024.
Un imposant dispositif de sécurité a été déployé aux abords du domicile d'Ousmane Sonko dans le quartier de Cité Keur Gorgui, avec barrières et accès filtrés. Des députés de sa coalition Yewwi Askan Wi qui voulaient lui rendre visite à la mi-journée ont été repoussés par des tirs de gaz lacrymogène. L'élu Guy Marius Sagna affirme avoir été blessé à la jambe par un projectile.
L'entourage d'Ousmane Sonko dénonce " une mise en résidence surveillée illégale ". Dans un communiqué, son parti le Pastef a appelé ses militants à " lever le blocus ". La situation à 19h TU restait toutefois calme.
Sur la place de la Nation, où était annoncée la marche de Dakar, plusieurs véhicules blindés de la police étaient présents. Dans son arrêté, la préfecture a justifié l'interdiction par des " menaces de troubles à l'ordre public " et la présence d'un chantier sur l'itinéraire. Des marches ont en revanche été autorisées dans d'autres localités du pays, notamment Guediawaye, Pikine, Mbacké ou encore Zinguinchor.
De nouvelles mobilisations après un rassemblement de l'opposition à valeur de démonstration de force mardi 14 mars dans la commune des Parcelles Assainies. Ce grand rassemblement était " un signal envoyé au pouvoir " et " une des étapes ", selon des partisans de la coalition Yewwi Askan Wi qui comptaient aujourd'hui " maintenir la pression ".
Risque d'escalade
Mais cela arrive également avant le procès d'Ousmane Sonko jeudi 16 mars pour diffamation, face au ministre du Tourisme. Un procès à risque pour son avenir politique, car il pourrait lui barrer la route pour la présidentielle prévue en février 2024, mais à risque aussi, car il fait craindre des tensions.
Mais il est également visé par une seconde procédure, elle, pour des accusations de viols.
L'opposition dénonce, entre autres, " une instrumentalisation de la justice ", pour, selon elle, éliminer Ousmane Sonko de la course à la présidentielle de février 2024. La coalition Yewwi Askan Wi accuse également les autorités d'" arrestations arbitraires " et de recruter des " nervis ", des hommes de main, aux côtés des forces de sécurité.
Du côté de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakar a accusé ces derniers jours l'opposition d'être " irresponsable ", de chercher à " déstabiliser les institutions " par " la violence " et a appelé ses partisans " à faire face aux tentatives de troubles ".
Les discours menaçants se multiplient donc des deux côtés. Plusieurs responsables religieux et de la société civile ont mis en garde face un à risque d'escalade.