Près d'une trentaine de civils ont été tués au cours des attaques conduites depuis le 12 mars par les ADF. Ces attaques font suite au massacre qui a eu lieu du 8 au 9 mars et qui a fait plus de 40 morts.
"Ils ont utilisé des armes blanches et des armes à feu pour exécuter la population", précise Katembo Kahongya, le chef du village dans lequel les faits se sont déroulés.
Noela Muliwavyo, coordonnatrice du Collectifs d'actions féminines pour les vulnérables (CFVU), rappelle que ces massacres surviennent quelques semaines après le bombardement de Mwalika, dans le sud de Beni, par les armées congolaise et ougandaise.
Fezza Mulalo, un chef des ADF, avait alors été tué par les militaires. Les faits remontent à la fin du mois de février.
Pour Noela Muliwavyo, c'est depuis la mort de Mulalo que les attaques se sont multipliées. Elle estime donc qu'avant de lancer ce type d'opération, la protection des civils devrait être assurée dans les agglomérations avoisinantes.
La population fait appel à la justice internationale
"La zone où l'ennemi a fait incursion, c'est une zone supervisée par les Maï Maï qui attendent toujours le processus de DDR-CS (désarmement, démobilisation et réinsertion, ndlr). Cela va faire quatre ans que ces hommes sont là et qu'ils attendent, ils sont cantonnés mais rien ne se fait. Et cet état de fait est un échec de l'état de siège. En tout état de cause, c'est la population qui est délaissée. Parce que jusqu'à aujourd'hui, la population est plus attaquée qu'en 2014", a confié Mme Muliwavyo à la DW.
Depuis 2014, la situation reste la même, déplore Maître Tudi, avocate dans la ville de Beni. Pour elle, cette situation imposée aux populations de sa région devrait attirer l'attention de la justice internationale et plus d'implication pour améliorer le quotidien des populations congolaises. "Nous ne savons pas ce que nous payons pour être massacré, mutilé, égorgé comme des chèvres ou des moutons. Nous sommes vraiment révoltés, d'autant plus que c'est une situation qui nous est imposée. L'impunité est là, nous la vivons. Sans oublier que cette impunité est une situation qui nous est imposée par des groupes étrangers", estime-t-elle.
Mieux équiper l'armée pour anticiper les attaques ?
Larecrudescencedes attaques des ADF dans le Nord-Kivu et l'Ituri s'explique par plusieurs facteurs, précise Adolphe Agenonga, professeur à l'Université de Kisangani et chercheur associé du Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (Grip).
L'enseignant évoque notamment la question du déficit en matière de renseignements qui ne permet pas aux forces armées d'anticiper les menaces.
"Depuis le lancement de l'opération Shujaa, on constate de plus en plus que celle-ci est abandonnée à cette force conjointe (FARDC-UPDF) alors que cette force ne contrôle pas totalement la région où les ADF opèrent. Il faudrait aussi rappeler le fait que depuis l'émergence des groupes d'autodéfense qui ont été reconnus comme les supplétifs des forces armées, les confusions se sont installées. Parfois, lorsqu'un groupe armé apparaît, on a du mal à dire exactement s'il s'agit des ADF ou s'il s'agit des groupes d'autodéfense Maï Maï qui sont considérés comme étant des supplétifs des FARDC", souligne M. Agenonga.
Selon des médias congolais, ce mardi 14 mars, au moins 17 civils dont 8 femmes ont péri dans une nouvelle attaque attribuée aux rebelles ougandais ADF dans le village de Mabuku, situé dans le territoire de Beni.