Sénégal: Arrestation du journaliste Pape Ndiaye - RSF déplore 'une mesure disproportionnée'

Dakar — Reporters sans frontières (RSF) déclare considérer l'arrestation du journaliste Pape Ndiaye comme "une mesure disproportionnée" et appelle les autorités sénégalaises à le "libérer immédiatement".

Incarcéré depuis le 7 mars, après une garde à vue de quatre jours, Ndiaye, chroniqueur judiciaire de la télévision privée Walf TV, est accusé de diffusion de fausses nouvelles, affirme RSF en citant Me Moussa Sarr, son avocat.

Il est également poursuivi en justice pour les délits de provocation d'un attroupement, d'outrage à magistrat, d'intimidation et de représailles contre "un membre de la justice", de diffusion de propos jetant le discrédit sur un acte juridictionnel et de mise en danger de la vie d'autrui, selon l'organisation de défense de la liberté de la presse.

Pape Ndiaye risque jusqu'à trois ans de prison. Il attend d'être auditionné par un juge d'instruction.

Lors d'une émission de la télévision Walf TV, Ndiaye a déclaré, selon RSF, que des adjoints du procureur de la République se seraient opposés au renvoi devant une chambre criminelle du procès de l'opposant Ousmane Sonko. Ce dernier est accusé de viol par une jeune femme.

Le parquet de Dakar, affirmant que cette information était fausse, a ordonné le placement du journaliste sous mandat de dépôt.

"Alors qu'il existe des mécanismes pour rectifier une information erronée diffusée en toute bonne foi, l'incarcération de Pape Ndiaye est totalement disproportionnée", soutient RSF.

Elle ajoute que "Pape Ndiaye pourrait s'être trompé en toute bonne foi", comme l'affirme, selon l'organisation, son collègue Pierre Edouard Faye, le rédacteur en chef de Walf TV.

"Dépénaliser les délits de presse"

"Nous demandons aux autorités de libérer immédiatement Pape Ndiaye et de dépénaliser les délits de presse", soutient RSF dans une déclaration reçue du directeur de son bureau pour l'Afrique subsaharienne, Sadibou Marong.

"Pape Ndiaye est le deuxième journaliste incarcéré au Sénégal en moins de quatre mois et figure parmi les professionnels de l'information sous pression depuis plusieurs semaines", souligne Reporters sans frontières, déplorant "un durcissement des conditions d'exercice du métier" de journaliste dans le pays.

"Le 16 février 2023, Sidya Badji, un photoreporter du journal privé Sud Quotidien, a été interpellé et contrôlé, puis son matériel confisqué par les forces de l'ordre, qui lui ont reproché d'avoir pris 'des images compromettantes' qu'il sera contraint de supprimer", note RSF.

"Une semaine avant cet incident, Walf TV a été suspendue - pour la deuxième fois en deux ans - pour une semaine par le Conseil national de régulation de l'audiovisuel. Le régulateur de l'audiovisuel a estimé que la chaîne avait effectué une 'couverture irresponsable' des heurts ayant éclaté entre les forces de sécurité et des partisans d'Ousmane Sonko", rappelle l'organisation de défense de la liberté de presse.

Elle ajoute que le 5 novembre 2022, la journaliste reporter d'images Fatou Dione, du site d'information Buur News, avait été agressée alors qu'elle couvrait une manifestation interdite.

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