Rabat — La Cinémathèque du Maroc s'est engagée avec succès dans une entreprise de restauration du film "Moolaadé" du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, a-t-on appris de sa directrice générale, Narjiss Nejjar.
"Nous avons des oeuvres fondatrices, mais a un moment donné, on ne s'est retrouvé qu'avec des négatifs. On s'est dit que la première chose à faire était de trouver les moyens de les restaurer afin de les sauver rapidement. Moolaadé de Sembène fait partie de ces oeuvres et l'équipe de la Cinémathèque a fait un travail incroyable", a-t-elle déclaré à l'envoyé spécial de l'APS.
La directrice de la Cinémathèque de Rabat intervenait en marge d'une visite effectuée au sein de cette infrastructure par des participants à la première édition des Journées du cinéma panafricain, les "Roots Rabat", ouvertes, dimanche, dans la capitale marocaine.
Sur place, les visiteurs ont eu droit à une projection de quatre minutes du film Moolaadé en cours de restauration.
Le film du réalisateur sénégalais Sembène Ousmane est sorti en 2004. Il traite notamment du thème des mutilations génitales féminines pratiquées dans certains pays africains.
"La Cinémathèque du Maroc a fait un état des lieux de notre patrimoine et on s'est rendu compte que l'état de conservation n'était pas optimal. On s'est ensuite arrangé avec le ministère de la Culture, très actif sur ces questions de conservation et de mémoire", a relevé sa directrice.
Elle a insisté sur le fait que le projet a été mis en oeuvre par une équipe qui a essayé d'y mettre tout ce qu'elle avait en énergie et en expertise, alors que le pays manquait de ressources humaines.
"On a essayé de se former et de former des relais de compétences. L'idée du projet de manière plus globale est qu'à un moment donné, on puisse faire bénéficier l'expertise de ces relais de compétences au continent africain dans son ensemble", a fait valoir Mme Nejjar.
"Ecrans d'Afrique, une programmation africaine pour lancer les activités de la Cinémathèque marocaine"
A l'en croire, la Cinémathèque marocaine est aujourd'hui assez autonome et est parfaitement capable de numériser, conserver, restaurer et se lancer dans la valorisation de ces oeuvres.
Elle a fait savoir que la structure dont elle est la directrice dispose de deux blocs, contenant chacun 15 000 bobines.
"Nous travaillons sur un projet d'extension au sous-sol et envisageons à terme d'accueillir toutes les oeuvres dans de meilleures conditions possibles", a-t-elle souligné non sans rappeler que le démarrage des activités de la Cinémathèque était la priorité.
"Nous projetons un vrai démarrage de la cinémathèque marocaine avec une programmation essentiellement axée dans un premier temps sur les écrans d'Afrique, car nous pensons que c'est une cinématographie que l'on ne voit pas", a renseigné Mme Nejjar.
Elle a dans le même temps fait part de la volonté du ministère marocain de la Culture de tripler les capacités de sa structure à travers une dotation de nouveaux équipements attendus d'ici à six mois.
"Nous avons prévu 15 nouveaux scanners de numérisation, mais tous les films ne peuvent pas être restaurés. Le principe est de sauver les oeuvres les plus fragiles", s'est-elle empressée de préciser.