Madagascar: Assemblée nationale - Une majorité qui ne tient qu'à un fil

Un nouveau rapport de force devrait se dessiner au niveau de l'Assemblée nationale. Des députés, malgré leur appartenance à la majorité, deviennent de plus en plus distants.

Inconfortable

Jouissant d'une majorité absolue au début de sa mandature, après les élections législatives gagnées haut la main par l'Isika Rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina (IRD), le président Andry Rajoelina ne peut plus compter sur la plupart de ses députés. Siteny Randrianasoloniaiko, Jean Jacques Rabenirina, Mohamad Ahmad, Jean Brunelle Razafitsiandraofa, la liste est longue, ont décidé de quitter la maison " orange ", au moins à travers leurs discours et leurs comportements, mandat impératif l'oblige, pour une autre avec une autre couleur qui n'a pas encore subi les usures du pouvoir. Andry Rajoelina ne peut plus compter que sur une majorité inconfortable secouée par les enjeux des élections à venir.

Déchéance

Tout ne tient qu'à l'article 72 de la Constitution. En effet, dans son premier alinéa, cet article stipule que durant son mandat, le député ne peut, sous peine de déchéance, changer de groupe politique pour adhérer à un nouveau groupe, autre que celui au nom duquel il s'est fait élire. En cas d'infraction à cette disposition, la sanction est la déchéance qui est prononcée par la Haute Cour Constitutionnelle. Force est de constater que malgré leur divergence d'opinions et toutes les arrières pensées politiques, ces élus de la Chambre basse, regroupés au sein de l'IRD, sont ainsi obligés de vivre ensemble. Une cohabitation obligatoire qui ne fait qu'affaiblir le régime. Même si le régime de Rajoelina a toujours prêché " la grandeur de l'amour ", force est d'admettre que " si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne peut pas subsister ".

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Gênant

Le premier député IRD qui a mis le régime au défi est l'élu d'Ikongo. Le discours de Jean Brunelle Razafitsiandraofa lors de la commémoration du 29 mars a choqué les " oranges ". En effet, le député d'Ikongo n'a pas hésité de critiquer le projet phare du régime, le projet transport par câble, pour l'intérêt de son district. Recadré par la présidente de l'Assemblée nationale, Brunelle Razafitsiandraofa a mis une fois encore en mauvaise position le régime avec sa réaction par rapport à l'existence d'un " commerce d'enfants à Ikongo ". Et ce 8 mars, il s'est affiché avec fierté aux côtés de Siteny Randrianasoloniaiko, toujours à Ikongo. Avec un Siteny menaçant, Jean Brunelle Razafitsiandraofa devient de plus en plus gênant pour sa famille politique.

Déceptions

Au rythme où vont les choses, la majorité des députés de la majorité niera sa famille politique pour une autre famille d'adoption. Pas plutard que ce vendredi, Mohamad Ahmad, député IRD de Fénérive Est s'est révolté par rapport à la décision des autorités locales interdisant le meeting qu'il a voulu organiser. Jean Jacques Rabenirina a même indiqué ce samedi, toujours dans la même ville, qu'il fait partie des députés IRD que le président Andry Rajoelina a trompé, comme il a trompé la population. Le député Paul Bert Rahasimanana, quant à lui, n'a pas caché son amertume et sa déception par rapport aux comportements de l'Exécutif et de ceux qui entourent le président. Il a dit tout haut ce que les autres députés pensent tout bas. Et les 105 signatures récoltées lors de la tentative de motion de censure avortée en disent long. Avec l'éventuelle candidature de Siteny Randrianasoloniaiko, député IRD de Toleara 1, les mois à venir risquent de nous réserver d'autres surprises. Faut-il rappeler que Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale, a donné la bénédiction à Be Hozatse, après son ascension à la tête de l'Union africaine de Judo (UJA), au mois de juillet 2021. Le premier mardi de mai semble très loin. A entendre les bruits qui circulent dans les coulisses ces dernières semaines, une session extraordinaire se trame. Occasion de connaître l'ambiance qui règne à Tsimbazaza.

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