Madagascar: Recherche - L'eau de mer génératrice de l'électricité

Le laboratoire de l'Ecole Supérieur Polytechnique de l'Université d'Antsiranana est devenu leur deuxième maison. Expériences et recherches, ils le font pour l'intérêt suprême de la nation. Très actifs bien que leur âge soit avancé, ces messieurs sont des exemples parmi tant de chercheurs méconnus qui ont pourtant dépensé leur énergie afin que la Grande-Île rayonne à travers la recherche scientifique.

" Où sont nos professeurs, nos enseignants chercheurs, qu'est ce qu'ils ont fait pour cette nation ? Cette question fait échos à Madagascar. Les "professeurs d'université ne font que manifester pour leurs indemnités, mais n'ont jamais présenté les fruits de leurs recherches ", ajoutent les autres, en faisant exprès de ne pas voir les durs labeurs réalisés. Et dire que les Universités de Madagascar ne forment que des scientifiques de salon, alors que dans les vieux laboratoires, ils se brûlent les mains. Le cas de ces deux professeurs dément les propos des commentateurs aux coins des ruelles qui perdent leur temps à pointer du doigts les savants malgaches sans connaître les réalités dans les ateliers anciennement équipés. Combien de publications sont classées dans les rayons des Bibliothèques Universitaires. Madagascar regorge de têtes pensantes. Des méninges creusées chaque jour, fatiguées pour une bonne cause. Les scientifiques malgaches, n'ont rien à envier aux autres, continueront à porter la lumière au pays même si la population s'avère ingrate, crachant violemment au-dessus de leurs fronts dégarnis. Les deux hommes qui se connaissent très bien, d'ailleurs ils sont voisins, habitent dans un même immeuble. Jean Marie Razafimahenina, spécialiste en électronique industrielle et de l'énergie renouvelable faisait partie de la première promotion de l'Ecole Supérieur Polytechnique d'Antsiranana, alors que Mamiharijaona Ramaroson, expert en matériaux figure parmi la troisième promotion. Formé en Suisse, ces deux scientifiques poursuivent leurs études à la faculté polytechnique d'Antsiranana, fraîchement inaugurée en 1976, du temps de la Deuxième République. Ils envisageaient un grand projet à l'époque. Donc, facile pour le destin de dessiner leur chemin commun. Bardés de diplômes, bourrés d'expériences, ils retournent au pays pour accomplir une mission noble, enseigner à l'Université d'Antsiranana.

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Refuser le dollar pour dépenser en ariary, de nos jours, c'est rare !

Un exploit, le moins que l'on puisse dire, même s' ils restent humbles en disant " ce n'est qu'un petit fruit ". Un petit fruit que les Etats-Unis convoitent en les sollicitant pour travailler avec eux, voulant même acheter la formule secrète mais ces deux grands personnages ont refusé car, en effet, l'objectif est de contribuer au développement énergétique de Madagascar. " Les Américains se disent intéressés. Ils nous ont proposé de travailler avec eux, nous leur avons juste répondu, nous avons fait tout ce chemin pour Madagascar ", a raconté Pr Mamiharijaona Ramaroson. Une bonne réponse d'un chercheur qui met toutes ses forces au service de sa nation. Rares sont ceux qui déclinent le dollar! Pas de subvention venant de l'Etat malgache. Ils piochent de leur poche pour les outils de travail car tout simplement ils sont passionnés par ce qu'ils font ! " Tout ce que nous avons réalisé vient de nous, l'argent vient de notre propre porte-monnaie".

Le miracle de la mer... En 2010, une idée de génie clignote dans leur tête. Voyant les grilles des fenêtres rouillées, l'un d'entre eux constate que " là ou il y a la rouille, il y a le courant", situé au bord de la mer, l'Université d'Antsiranana devient une source d'inspiration pour ces professeurs vaillants. Pragmatiques, ils passent à l'expérimentation et assemblent une boîte en polymère thermoplastique obtenue par polymérisation du propylène, le polypropylène. Ensuite, des éléments sont installés, le Générateur électrochimique sans recharge est conçu. L'eau de mer remplace l'électrolyte, le conducteur d'électricité à l'intérieur du générateur. " C'est ça le rôle de l'eau de mer. Sans elle, il n'y aura pas d'électricité. Il y a une différence avec de l'eau salée. L'eau de mer contient plusieurs sels mais pas seulement du NaCl (sel de cuisine) " ont-ils précisé. En 2014, les recherches portent leurs fruits. Invités au salon des recherches organisées par l'Unesco à Antananarivo, les deux érudits éblouissent les invités. La démonstration est trop belle pour être vraie.

Filmé par les caméras des chaînes de télévision de la capitale, le prototype de ces deux professeurs impressionne. Mais, une fois les stands emballés personne n'a frappé à leur porte. Mais, cela n'a nullement découragé ces scientifiques dévoués. Une seule voix raisonne, et résonne dans leurs consciences, continue les recherches ! Pendant que leurs collègues manifestent pour leurs indemnités, ils s'enferment dans le laboratoire. " Ce n'est pas que nous sommes contre les manifestations, mais nous nous sommes consacrés à notre travail. Les idées s'entremêlent dans nos têtes, il ne faut absolument pas les laisser filer sinon, nous perdons les fils conducteurs ". En effet, l'expérience est un art à part. Il faut savoir où poser les mains. Sans équivoque, bien qu'elle soit une science dure où les lois reposent sur l'exactitude, la discipline polytechnique dépend également en quelque sorte du savoir-faire et de l'inspiration de l'expérimentateur. C'est ce que Jean Marie Razafimahenina a avoué en disant " il y a une touche malgache dans ce produit ". Oui, l' "ady gasy", cette fabrication sans contrefaçon uniquement conçue dans Grande-Île.

Le Générateur Électrochimique sans Recharge n'est qu'une partie des innombrables travaux de Pr Ramaroson et pr Razafimahenina. La désalinisation de l'eau de mer est aussi en cours. Ce concept incarné par ces deux grand-messieurs laisse indifférents les intendants malgaches, ce qui est étonnant, vu que la jirama est sous perfusion. L'appareil n'a aucun impact néfaste sur l'environnement. Ses confectionneurs rassurent les futurs utilisateurs. L'ambition de ces deux érudits est de construire un grand bassin d'eau pour générer un courant ravitaillant la ville d'Antsiranana, pourquoi pas toute la Grande-Ile ?

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