Les pays occidentaux dont ceux de l'Union européenne et les Etats-Unis se sont engagés à augmenter leurs investissements en Afrique pour renforcer les liens bilatéraux face à la concurrence de certaines nations. Ils ont opté pour une telle politique parce qu'ils s'inquièteraient de la défiance grandissante envers l'Occident que d'autres partenaires attisent sur le continent africain, estiment des analystes.
La nouvelle politique économique des Occidentaux a été suscitée par la guerre en Ukraine. Depuis lors, les pays concernés prennent des mesures pour remédier aux affrontements diplomatiques avec Moscou en Afrique, mais aussi pour contrer l'initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie visant à financer de vastes projets d'infrastructures dans les pays en développement.
Considéré comme la locomotive économique de l'Afrique de l'Est, le Kenya figure parmi les pays choisis et devant bénéficier des engagements européens. Rien que pour Nairobi, ces engagements comprennent une promesse de don de 200 millions de dollars (187 millions d'euros) de la Banque européenne d'investissement pour aider la Banque de commerce et de développement à soutenir les entreprises d'Afrique orientale et australe touchées par la guerre en Ukraine.
La France, par exemple, apportera 30 millions d'euros pour la construction de huit installations sportives au Kenya. En 2020, un consortium français avait remporté un contrat de 1,6 milliard d'euros pour exploiter une autoroute reliant la capitale kényane et Mau Summit (Ouest). Mais ce projet a été interrompu par le chef de l'Etat kényan, William Ruto, après sa prise de fonction en 2022. Malgré cela, lors d'un récent forum économique à Nairobi, le ministre français du Commerce extérieur, Olivier Becht, a assuré avoir parlé du projet avec William Ruto, précisant que de nouveaux échanges étaient attendus.
Pour la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, la France compte rester un " partenaire actif " en Afrique. Elle s'est exprimée de la sorte alors que Paris fait face à de multiples remises en cause de sa politique sur le continent. " Nous avons des partenaires, des défis communs et des atouts à utiliser (...) C'est en additionnant toutes nos actions que nous resterons un partenaire actif sur ce continent ", a déclaré la cheffe de la diplomatie française.
Appel à augmenter le soutien international
L'Afrique du Sud est l'une des destinations des investissements de l'Union européenne dans le cadre du renforcement de ses relations avec le continent africain. Les Européens apporteront plus de 280 millions d'euros (303 millions de dollars) en subventions à Pretoria, pour l'aider à verdir son économie dépendante du charbon.
Ces derniers temps, on réalise que l'Afrique est devenue plus que jamais un champ de batailles d'influence entre les grandes puissances, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine il y a près d'un an. Des Etats entiers sont courtisés par la Russie, la Chine et l'Occident. Malgré cela, l'on réalise que le versement de subventions annoncées répond à la critique récurrente des pays en développement selon lesquelles l'aide des nations nanties dans la lutte contre le réchauffement climatique prend généralement la forme de prêts et non de subventions.
En considération de ce qui précède, et non satisfaite des investissements des Occidentaux à l'égard de l'Afrique, la ministre norvégienne de l'Aide au développement, Anne Beathe Tvinnereim, a plaidé pour que davantage d'efforts soient consentis. " Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ait fait plusieurs voyages en Afrique et nous voyons l'intérêt de la Chine pour l'Afrique ", a-t-elle fait remarquer lors d'une rencontre avec la presse étrangère. " C'est juste un exemple parmi d'autres qui montre pourquoi il est important que des pays comme la Norvège et ses pairs ne se retirent pas mais qu'au contraire nous augmentions notre soutien international (...) car les pays en développement ont besoin de savoir qu'ils ne sont pas oubliés ", a-t-elle ajouté.
Anne Beathe Tvinnereim a souhaité que l'aide à l'Ukraine n'occulte pas les autres crises et le besoin d'assurer la sécurité alimentaire ailleurs dans le monde. Les pays pauvres " n'ont pas choisi d'être impliqués dans cette brouille ", a-t-elle fait valoir. " Je pense que c'est dans l'intérêt de la Norvège et des Occidentaux de repousser cette polarisation avec tous les moyens à notre disposition, y compris l'aide au développement ", a-t-elle affirmé.