Dakar — Après plusieurs incidents d'audience et des scènes de violences dans plusieurs endroits de Dakar, le procès pour diffamation opposant Ousmane Sonko, le leader de Pastef, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a été renvoyé au 30 mars.
Le juge a décidé de renvoyer l'affaire à la demande des avocats de la défense qui ont déclaré que Me Ciré Clédor Ly, un des avocats de Ousmane Sonko, et ce dernier ont été hospitalisés après avoir inhalé des gaz lacrymogènes.
Me Clédor, victime d'un malaise, a été évacué par un véhicule du SAMU. Ousmane Sonko a lui aussi été emmené à l'infirmerie du Palais de justice pour consultation.
Le procès pour "diffamation" opposant le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, au leader de Pastef (opposition), Ousmane Sonko, avait repris ce jeudi au tribunal de Dakar peu après 13h, après une longue pause.
Après un parcours mouvementé, le leader de Pastef Ousmane Sonko est arrivé avant 11heures, au tribunal de Dakar dans le cadre du procès pour diffamation qui l'oppose au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
M. Niang, qui reproche à Ousmane Sonko d'avoir déclaré qu'il avait été épinglé par un rapport de l'IGE (Inspection générale d'Etat) pour sa gestion d'un fonds de 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC), est lui arrivé au tribunal plus tôt.
Suite à une divergence sur l'itinéraire que devait emprunter le cortège de M. Sonko, des échauffourées ont éclaté entre les forces de l'ordre et les partisans de l'opposant.
Le leader de Pastef a été extrait de force de sa voiture avant d'être conduit dans un véhicule de la Brigade de la police polyvalente (BIP), pour être conduit au tribunal, alors qu'il avait demandé à son convoi de retourner chez lui, à la suite de ce désaccord.
Des scènes de violences ont éclaté dans plusieurs endroits de Dakar après cet incident.
Le maire de Ziguinchor est finalement arrivé au palais de justice peu avant 11heures.
Ses avocats ont réclamé le renvoi de l'audience, estimant que leur client n'était pas en état de comparaître pour avoir été "brutalisé" par les forces de l'ordre qui le conduisaient au tribunal.
"Il a été littéralement tabassé par les forces de l'ordre. Ils l'ont mis de force dans le véhicule de la Bip. C'est inadmissible ce qui se passe et nous n'acceptons la présence des forces de l'ordre. Vous serez complices de forfaiture, parce que Ousmane Sonko doit être suivi par un médecin après ce qui s'est passé. Nous nous opposons à la tenue de l'audience", a déclaré Me Ousseynou Fall, un de ses conseils.
Après une longue suspension, l'audience a repris en l'absence de Ousmane Sonko.
Appelé à la barre, Mame Mbaye Niang a déclaré : "Je crois à la Constitution. Si je suis venu ici, c'est parce que Sonko a déclaré partout qu'il détient un rapport qui me mouille. C'est la troisième fois que je viens ici pour obtenir justice. Depuis 4 mois, on me diffame. On m'a demandé de suivre un itinéraire, je l'ai suivi et je suis venu à l'heure."
Altercation entre le président et un avocat
Après avoir repris, le procès a été rapidement interrompue par un nouvel incident d'audience avec notamment l'altercation entre le président et un avocat de la défense.
Une nouvelle fois, les avocats de la défense demandent le renvoi l'audience, mais se heurtent au refus du procureur et de la partie civile.
Après plusieurs minutes de débats, le juge a décidé de renvoyer l'affaire au 30 mars.
Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme et des Loisirs, reproche à Ousmane Sonko d'avoir déclaré qu'il avait été épinglé par un rapport de l'IGE (Inspection générale d'Etat), pour sa gestion d'un fonds de 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC).
Le ministre, qui conteste l'existence de ce rapport, a décidé de porter plainte pour "diffamation" contre Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor.
Pour les besoins de ce procès, les abords de la cité Keur Gorgui, le quartier dakarois où se trouve le domicile de Sonko, ceux du tribunal et de nombreux points stratégiques de la ville de Dakar sont sous haute surveillance policière.
Mercredi, un imposant dispositif de sécurité a été déployé aux abords du domicile de l'opposant Ousmane Sonko, à la Cité Keur Gorgui, à Dakar, après des appels à manifester sur toute l'étendue du territoire national, pour dénoncer, entre autres, "les arrestations et détentions arbitraires, l'instrumentalisation de la justice".
La coalition de l'opposition Yewwi askan wi, dont Pastef est membre, avait appelé à des manifestations et des marches, mardi, mercredi et jeudi.
Mardi, les partisans de Yewwi askan wi avaient réussi une démonstration de force au terrain Acapes des Parcelles Assainies, à Dakar.
Si de nombreux militants de Pastef ont pu manifester, mercredi, à Mbacké (centre), Matam (nord), Kolda et Ziguinchor (sud), à Dakar par contre la marche était interdite par le Préfet pour "menaces de troubles à l'ordre public et itinéraire en chantier".
Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, est sous contrôle judiciaire depuis deux dans le cadre de l'affaire pour viol présumé de la jeune dame Adji Sarr. Il a été renvoyé devant une chambre criminelle, mais la date du procès n'a pas encore été fixée.
Ses avocats ont déposé un recours devant la Cour suprême pour l'annulation de l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction.