Dakar — L'éligibilité des candidats à l'élection présidentielle sénégalaise du 25 février 2024 est une "question clé", sur laquelle doivent plancher les acteurs politiques et les institutions concernées, a déclaré le militant des droits de l'homme et expert indépendant des Nations unies, Alioune Tine.
"Puisque nous sommes dans une crise de cette nature, le bon sens nous appelle à nous asseoir surtout pour voir comment nous pouvons faire, concernant l'élection à venir, surtout pour la question de l'éligibilité des candidats", a dit M. Tine dans une interview avec l'APS.
"L'éligibilité des candidats est la question clé aujourd'hui au Sénégal [...] Il faut que les gens s'assoient pour voir comment aller vers des élections transparentes et sincères", a-t-il souligné.
C'est une nécessité d'étudier cette question et de prendre des "résolutions", dans la mesure où, en ce qui concerne "l'éligibilité des candidats pour 2024, tout est noir", a insisté le militant des droits de l'homme et fondateur d'Afrikajom Center, un centre international de formation et de recherche basé à Dakar.
Il estime qu"'on ne peut pas aller [à l'élection présidentielle] comme ça, dans l'incertitude", sans discuter et s'entendre sur les critères d'éligibilité des candidats.
"Les bonnes résolutions ont été envisagées. Il faut les prendre le plus rapidement possible, de nature à apaiser" le pays, a poursuivi Alioune Tine.
"D'autres bonnes résolutions doivent être prises pour apaiser. Tout le monde y gagne. Si on va vers la confrontation, on va vers l"ingouvernabilité' du Sénégal, quel que soit celui qui va gagner l'élection présidentielle. Avant d'arriver à cette situation, mieux vaut préparer 2024 et faire en sorte que cette élection soit parmi les meilleures élections et les plus pacifiques qu'on ait connues au Sénégal", a-t-il proposé avec insistance.
"Et pour ça, il faut un leadership élevé, de la responsabilité et un amour infini pour le Sénégal", a ajouté M. Tine.
Des proches du président de la République ne cessent de l'inviter à être candidat à l'élection présidentielle de 2024.
L'opposition argue qu'il ne peut plus se présenter de nouveau, car il aura achevé en 2024 les deux mandats consécutifs qu'autorise la Constitution.
Les opposants Khalifa Sall, Ousmane Sonko et Karim Wade ont déclaré qu'ils seront chacun en lice.
MM. Sall et Wade, condamnés à des peines de prison avant de bénéficier de la grâce présidentielle pour être libres, pourraient perdre leurs droits civiques et être empêchés par le Conseil constitutionnel d'être candidats.
Ousmane Sonko, lui, est placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l'instruction de l'affaire de viol dont il est accusé par la jeune dame Adji Sarr.
Un procès pour diffamation l'oppose en même temps au ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, un militant de l'APR, le parti politique de Macky Sall.
La prochaine audience du procès est prévue jeudi 30 mars.
Le gouvernement a examiné un projet de loi visant à amnistier les faits pour lesquels Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, et l'ancien ministre Karim Wade ont été jugés et condamnés.