Sénégal: Jour de procès de l'affaire prodac - Guérilla urbaine à Dakar

Chaude journée dans certains points d Dakar dans le prolongement du procès qui devait se tenir hier, jeudi 16 mars 2023, et opposant le candidat à la présidentielle Ousmane Sonko et le ministre apériste Mame Mbaye Niang. Des échauffourées violentes ont en effet opposé les militants et sympathisants de la coalition Yewwi Askan wi aux forces de l'ordre, occasionnant du coup une situation de guérilla urbaine et/ou d'intifada dans certains endroits de la capitale sénégalaise.

L'affrontement violent qui se profilait depuis lors entre la coalition de l'opposition Yewwi Askan wi, principalement Pastef-Les Patriotes d'Ousmane Sonko, et le pouvoir en place via les forces de l'ordre, a vécu ses premières manifestations hier, jeudi 16 mars 2023. La convocation au tribunal de Dakar du leader de Pastef, par ailleurs maire de Ziguinchor, dans un procès en diffamation intenté par l'actuel ministre du Tourisme, déjà renvoyé à deux reprises, a été l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. Du coup, la capitale dakaroise a été transformée, en l'espace d'une demi-journée, en une zone de guérilla urbaine qui a scotché plus d'un habitant dans son domicile.

Tout est parti en fait du traitement réservé au maire de Ziguinchor alors qu'il se rendait au tribunal. Ousmane Sonko qui refusait l'itinéraire que lui imposaient les forces de l'ordre, a été extrait manu militari de son véhicule par celles-ci, notamment des éléments de Bip, pour être embarqué avec ses avocats dans un de leurs blindés et conduit de force au Tribunal de Dakar.

La situation qui était extrêmement tendue à hauteur de Mermoz a déclenché la colère des militants et sympathisants de Yewwi. Tour à tour, des points chauds ont embrasé beaucoup de lieux à Dakar, avec des groupes de plus en plus nombreux de manifestants qui bloquaient la circulation, allumaient des feux par ci et par là, forçant les forces de l'ordre à riposter par des tirs de grenades lacrymogènes. C'était le branle-bas général des deux côtés.

La tension est montée en crescendo à travers la capitale. Sur la Vdn (Voie de dégagement Nord), des manifestants en furie, après l'exfiltration d'Ousmane Sonko de son véhicule pour le conduire de force au Tribunal où se tenait le procès dit de l'affaire Prodac, se sont violemment attaqués aux Forces de l'ordre qui assuraient la sécurité sur les lieux.

Il s'en est suivi des échanges de tirs de grenades lacrymogènes contre des jets de pierre. Face à la colère des jeunes assez nombreux, les Forces de sécurité ont abandonné leur véhicule et se sont repliées. A la Médina, aux Parcelles assainies, comme dans d'autres zones de Dakar, l'intifada a fait rage et beaucoup de dégâts ont été constatés dont un bus de DDD incendié.

Des sièges de parti vandalisés

Plusieurs sièges de parti de la mouvance présidentielle ont été également saccagés lors des manifestations d'hier matin. Les sièges de l'Alliance pour la République (APR) des Parcelles Assainies, de Sicap Liberté et celle de l'Alliance des Forces de Progrès (AFP) à Sacré Coeur ont été vandalisés par des manifestants. " Le siège de l'AFP à Sacré -Coeur a été attaqué ce matin avec beaucoup de dégâts matériels. Nous déplorons cet acte qui n'est pas digne de la démocratie", a dit Zator Mbaye responsable de l'AFP et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar.

Avant d'appeler au calme et à la sérénité. " Il faudrait que les jeunes comprennent que dans un pays, il faut une organisation, un minimum de respect et de discipline. Que les gens évitent de se faire du mal. Le Sénégal ne mérite pas ce visage hideux qu'on est en train de promouvoir à la face du monde ". Pour sa part, la responsable de l'APR à Sicap Liberté, Zahra Iyane Thiam signale, selon la presse, des cas de vol au niveau du siège de Benno. " Nous avons subi des dommages très importants au niveau du siège de Benno Bokk Yakaar qui se trouve à Sicap Liberté. Heureusement qu'il n y a pas eu de blessés ". Au final, elle a appelé les leaders de Yewwi Askan Wi à la raison.

Des échauffourées ont également éclaté aux alentours du tribunal de Dakar où se tenait l'audience. Ce fut seulement après le renvoi du procès opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko au 30 mars que la tension a commencé à baisser petit à petit pour s'estomper dans l'après-midi, laissant aux Dakarois le loisir de contempler les stigmates des affrontements.

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