Madagascar: Entrepreneuriat - L'espérance de vie d'une nouvelle entreprise limitée à deux ans

Selon une récente étude, l'intention entrepreneuriale définie par la détermination à créer ou à reprendre une entreprise est de 37%. Elle est fonction des caractéristiques de l'individu et de son milieu environnant contrairement à la conjoncture. Face à la réalité, beaucoup d'entreprises disparaissent après avoir commencé à peine.

Les concours d'entreprises enregistrent de plus en plus de participants. Des centaines, voire des milliers de projets bien ficelés, des idées bien mûres, et des potentiels d'investissements. Ils ont été coachés et orientés pour être viables, raison de leur sélection. Les lauréats se démarquent plus grâce à l'originalité, mais la majorité des projets concurrents sont censés être viables. Mais c'est aux yeux des membres du jury, car le marché a son mot à dire et d'ailleurs, il a toujours le dernier mot. Seulement 20% des entreprises nouvellement créées dans le cadre de ces événements survivent au bout de deux ans d'activités, selon le Centre d'excellence en entreprise (CEENTRE).

En effet, beaucoup d'entrepreneurs ignorent le modèle d'affaires, le flux de trésorerie générée. Un entrepreneur dans le domaine de la communication témoigne des difficultés à l'entrée : " nous avons eu des soucis dans la capacité de notre produit à générer assez de chiffres d'affaires. Nous savions qu'il y avait des débouchés, mais on ignorait la segmentation des clients. En tant que novice, il nous a été difficile de les identifier et de comprendre leurs comportements, au bout d'un moment on n'arrivait plus à les suivre ". Plus tard, il lui a fallu changer de stratégie et à supporter le coût de changement de cible après avoir testé le marché.

Le projet Broka, qui consiste à créer une application de vente en ligne de vêtements et d'accessoires d'occasion est le lauréat d'un concours organisé en 2021. La jeune étudiante Nirina Rajaonarison et ses deux associées ont décidé de suspendre momentanément le lancement de l'application. " Il nous faut plus de discussions pour mûrir notre stratégie. Sur le réseau Facebook, il y a des milliers de market places qui opèrent pour la majorité dans l'informel, avec ça nous allons avoir du mal à percer le marché " souligne la co-fondatrice.

Conjoncture défavorable

Un lot de 5 millions d'ariary, en appui à la mise en marche du produit leur a été octroyé en tant que lauréats du concours, mais il reste encore dans les comptes. Le financement importe moins ici. D'ailleurs, le manque de financement est un faux problème selon le Club entrepreneurs étudiants du Rendez-vous des entrepreneurs (CEERE). Tout le monde se rue vers les demandes de fonds pensant avoir mûri les idées. " Les finances sont les dernières ressources dont il faut se soucier si on veut qu'une entreprise réussisse ", confie Adrienne Rabemanantsoa, propriétaire d'une dizaine d'entreprises.

" Tout doit commencer par les ressources humaines, les idées et les modèles. Tout compte fait, les entreprises disparaissent après quelques mois de test par manque d'accompagnement, mauvaises décisions dues au profil des conseillers et des associés " a-t-elle martelé. En d'autres termes, les jeunes entrepreneurs manquent d'expériences, qui sont souvent acquises au bout de plusieurs échecs. " Et personne ne veut goûter à l'échec " ironise-t-elle. La grande majorité des projets proposés en concours ne sont pas protégés, c'est-à-dire non enregistrés à l'Office malgache de la propriété intellectuelle (OMAPI).

Ils sont des proies faciles pour les riches hommes d'affaires en quête d'idées à financer. Il n'est pas rare de trouver de nouveaux produits sur le marché, portés par des férus opportunistes après la clôture des concours d'entreprises. Bien évidemment, la conjoncture influe beaucoup sur la survie des nouvelles entreprises. Adrienne Rabemanantsoa cite entre autres la hausse des prix, le coût de l'énergie et l'insécurité. " Nous avons vu les prix multipliés par trois, quatre voire dix pour certaines matières premières en l'espace de trois ans " se désole-t-elle.

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