Madagascar: L'' Escadre de Perse ' dans le Sud de Madagascar

Louis XIV est résolu à envoyer, en 1669, dans les mers de l'Inde, une flotte considérable dans plusieurs buts.

D'abord, pour montrer dans ces parages le pavillon fleurdelisé ; ensuite, convaincre les Hollandais de mensonge à l'égard des indigènes; enfin, donner une haute idée de la puissance du roi de France. Désigné pour diriger la flotte dénommée " L'Escadre de Perse ", l'amiral De La Haye reçoit du ministre Colbert des instructions précises et très détaillées. Celles-ci lui indiquent l'itinéraire à suivre, les endroits où il doit " se rafraichir " et les points sur lesquels le ministre demande des informations, des éclaircissements à l'amiral chargé de guider la flotte dans les mers orientales. Ce dernier est également nommé " gouverneur et lieutenant-général pour le Roy en l'Ile Dauphine et dans toutes les Indes ".

Le premier point de grande importance sur lequel Jean-Baptiste Colbert demande à De La Haye de le renseigner, " avec exactitude et précision ", concerne l'état des lieux en Ile Dauphine. D'après le docteur es Lettres Henri Froidevaux, il lui prescrit notamment de s'y faire reconnaitre " en sa qualité de lieutenant général de Sa Majesté dans ladite Ile", de " s'y faire rendre compte de tout " et d'y donner des ordres sur tout ce qu'il estimera devoir être observé pour le bien, l'avantage et la conservation de la Colonie.

En outre, le ministre Colbert trace à l'envoyé du roi un véritable programme d'études sur la Grande ile. C'est ainsi qu'il devra d'abord reconnaitre toutes les causes de la misère dont les Français qui y sont passés, ont souffert.

Ensuite, d'avoir comme " application principale " d'y apporter les remèdes les plus convenables, " de les exciter fortement au travail et à la culture des terres ". Enfin, de maintenir l'union entre les colons et les entretenir dans le maniement des armes.

Il aura également à voir ce qu'il convient de faire à l'égard des " Naturels du pays " qui sont divisés en une infinité de " petits commandements particuliers de nations différentes ". L'objectif pour De La Haye est de prendre toujours des avantages pour la subsistance et l'extension de la Colonie, tout en travaillant, cependant, à la culture de la terre, à augmenter et fortifier les habitants à chercher les moyens d'y avoir des femmes pour y établir des familles.

En dernier lieu, De La Haye devra agir de manière à permettre à Louis XIV d'exécuter aisément, un peu plus tard, " les projets qu'il a formés pour l'avenir ".

Pour parvenir à ces fins, souligne Colbert, il est " certainement nécessaire " que l'envoyé du roi reconnait exactement les lieux où la Colonie est établie, qu'il en voit les rades, les entrées, les sorties, les lieux où les vaisseaux peuvent demeurer. Il doit également " s'informer soigneusement " de tous les autres endroits de l'ile où ces commodités pourront être plus grandes et alors, de donner l'ordre de les faire reconnaitre avec soin.Cependant, ces reconnaissances ne sont pas suffisantes. Le ministre Colbert dicte à De La Haye d'observer la qualité des terres, des eaux des rivières, bref tous les avantages que l'on peut tirer des établissements déjà faits, et pour mieux connaitre ce que l'on pourra faire plus avantageusement " au cas où la Colonie s'augmente en nombre d'hommes ".

Ces instructions précises de Colbert s'expliquent, selon Henri Froidevaux, par le désaccord qui existe entre les documents et les rapports qu'il a pu consulter auparavant au sujet de Mada­gascar. Certains envoyés qui y sont envoyés en mission, lui présentent la Grande ile de l'océan Indien exactement comme Étienne de Flacourt l'a dépeinte dans son ouvrage. C'est-à-dire " une terre riche, saine, propice à l'établissement des Européens ".

En revanche, De Mont­devergue ne cesse, depuis son arrivée à Fort-Dauphin en 1667, de la lui décrire autrement. Il en est de même des directeurs de la Compagnie des Indes, embarqués avec lui, qui ont tendance à confirmer ses propos.De ce fait, Colbert doit répondre à une question, remarque Henri Froidevaux :

" Qui des administrateurs enthousiastes ou des détracteurs de Madagascar disaient la vérité ? " Une autre interrogation se pose : faut-il établir à Fort-Dauphin ou à la baie de Saint-Augustin " le poste qui pourra servir d'entrepôt aux vaisseaux venant des Indes " ?

Mais Colbert ne laisse guère beaucoup de temps à De La Haye de mener une enquête sérieuse à Madagascar. Car, en fait, la Grande ile n'est pas la principale destination de l'envoyé du roi. Juste " un mois ou six semaines de temps à y donner tous les ordres nécessaires... Sa Majesté désire qu'il remonte aussitôt sur ses vaisseaux ".

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