Congo-Brazzaville: Promouvoir ' la déclaration de Brazzaville ' sur la protection des tourbières

Lors du récent sommet " One forest summit " qui s'est tenu au Gabon, réunissant des responsables d'Afrique et du reste du monde, il était question d'échanger sur l'état des forêts tropicales de la planète, qui, selon des spécialistes, disparaissent à un rythme alarmant, menaçant ainsi la vie sur la planète.

La crise climatique augmente la fréquence de phénomènes météorologiques extrêmes qui aggravent les pénuries de nourriture et d'eau, perturbent les économies mondiales et menacent le bien-être humain. Le sujet crucial des tourbières a bien entendu fait l'objet des discussions puisque le bassin du Congo, grâce à ses tourbières, stocke davantage de carbone, facteur du réchauffement climatique, que l'Amazonie, mais est progressivement en train de disparaître.

Il faut savoir que le bassin du Congo abrite les plus grandes tourbières tropicales du monde, aux côtés du Brésil et de l'Indonésie. La forêt marécageuse tourbeuse du bassin du Congo stocke approximativement 29 milliards de tonnes de carbone, soit l'équivalent d'environ trois années d'émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, tandis que l'ensemble du bassin du Congo absorbe près de 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an.

Les tourbières sont des puits de carbone efficaces, absorbant plus de carbone de l'atmosphère qu'elles n'en rejettent. Les puits de carbone sont indispensables pour faire face à la crise climatique et protéger la santé de la planète. Toutefois, un rapport publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), intitulé " Devenons génération restauration ", avertit que les tourbières et d'autres puits de carbone sont déjà menacés de disparaître en raison des changements climatiques, de la destruction de la nature et de la perte de biodiversité, ainsi que de la pollution et des déchets. Sans les services essentiels que fournissent ces écosystèmes, la crise relative au climat et à la nature ne fera que s'aggraver.

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Les écosystèmes des tourbières jouent un rôle essentiel dans l'atténuation de la crise climatique. Ils abritent et protègent des espaces naturels rares et vitaux et favorisent la résilience grâce au captage de l'eau, à leur faculté de stockage et à bien d'autres éléments. Selon ce rapport, la protection et la restauration des tourbières déjà dégradées permettraient de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 800 millions de tonnes par an. Les tourbières couvrent seulement 3 % de la surface de la Terre, mais stockent environ 600 milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que toutes les forêts du monde réunies. Selon des spécialistes, cela en fait l'un des écosystèmes puits de carbone les plus efficaces et souligne le besoin de les protéger.

Plusieurs pays ont pris conscience de l'importance des tourbières et présenté des engagements en faveur de la protection de ces écosystèmes en péril. En 2018, lors de la réunion des partenaires de l'initiative mondiale pour les tourbières, qui s'était tenue à Brazzaville, trois pays, à savoir la République démocratique du Congo, la République du Congo et l'Indonésie, avaient signé la " Déclaration de Brazzaville " qui promeut une meilleure gestion et conservation de la zone de la cuvette centrale dans le bassin du Congo, l'une des plus grandes tourbières tropicales au monde.

Mieux encore, lors de la session de l'assemblée des Nations unies pour l'environnement de 2019, les Etats membres ont joué un rôle déterminant dans l'adoption d'une résolution qui les appelle, aux côtés d'autres parties prenantes, à mettre davantage l'accent sur la conservation, la gestion durable et la restauration des tourbières partout dans le monde. Mais malgré ces accords, les tourbières restent particulièrement vulnérables à l'activité humaine.

Environ 15% des tourbières ont été drainées pour l'agriculture, tandis que 5 à 10 % supplémentaires sont dégradés en raison de la suppression ou de la modification de la végétation. Le drainage et le brûlage de tourbières émettent approximativement deux milliards de tonnes de dioxyde de carbone par le biais de l'oxydation ou d'incendies chaque année, ce qui représente près de 5 % des émissions anthropiques.

Un investissement annuel de 46 milliards de dollars jusqu'à 2050 est nécessaire pour réduire ces émissions de moitié, et des spécialistes avertissent que le coût de la sauvegarde des tourbières ne fera qu'augmenter s'il n'y a aucun investissement immédiat.

Pour cela, les gouvernements doivent conserver davantage d'aires protégées et mettre l'accent sur l'importance des services écosystémiques que fournissent les tourbières. L'attribution d'une valeur économique aux tourbières et la fixation d'un prix pour les émissions de carbone permettraient de dissuader la poursuite de l'extraction nocive et excessive des ressources et de générer dans le même temps des ressources financières essentielles au profit des communautés locales et du développement durable.

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