Lors d'un remaniement gouvernemental, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a limogé jeudi 16 mars le chevronné Ramtane Lamamra du poste de ministre des Affaires étrangères et nommé Ahmed Attaf. L'homme au long parcours diplomatique avait déjà occupé ce portefeuille entre 1996 et 1999, pendant la " décennie noire ", sous le président Liamine Zéroual.
Ahmed Attaf, diplômé de l'École nationale d'administration (ENA) à Alger en 1975, est un vétéran de la diplomatie algérienne. Il commence sa carrière diplomatique en étant ambassadeur en Inde, en ex-Yougoslavie et au Royaume-Uni, avant d'être dans les années 1980 secrétaire d'État chargé des Affaires africaines et Maghrébines, au ministère des Affaires étrangères.
Il y était, avec Ramtane Lamamra, le plus proche collaborateur du ministre d'alors, Ahmed Taleb Ibrahimi.
Ahmed Attaf ne fait donc finalement que retourner à un poste qu'il a déjà connu. " Son parcours est aussi nourri que celui de son prédécesseur ", constate TSA, un média algérien francophone en ligne.
En 1994, après sa nomination au gouvernement, et avant même de devenir chef de la diplomatie algérienne, il rédige un mémorandum dans lequel il informait le président Zéroual de la nécessité de fermer les frontières avec le Maroc. Ce qu'il obtient du chef de l'État en invoquant les effets néfastes sur l'économie algérienne de la contrebande entre les deux pays.
Mais en 2014, dans des déclarations reprises par la presse, il déplorait le manque d'efforts entrepris pour débloquer les relations algéro-marocaines.
Dans le cadre de ce remaniement ministériel, qui concernait une dizaine de fauteuils, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a limogé Ramatane Lamamra, son ministre chevronné des Affaires étrangères. À 71 ans et en poste depuis 2021, l'ex-chef de la diplomatie était pourtant très apprécié par ses pairs. " Cela rabat les cartes de la présidentielle ", selon Kader Abderrahim, chercheur et auteur de Géopolitique de l'Algérie.
Selon Kader Abderrahim, le président Tebboune a limogé Ramatane Lamamra car "il ne représentait plus de menace pour le pouvoir du président algérien"