Afrique: Alioune Tine insiste sur la nécessité d'entretenir le dialogue politique au Sénégal

Dakar — L'expert indépendant des Nations unies et militant des droits de l'homme Alioune Tine a insisté, dans une interview avec l'APS, sur la nécessité, pour l'opposition et le pouvoir au Sénégal, d'entretenir le dialogue pour préserver la paix et la stabilité du pays.

"Il faut tout simplement du consensus. Il faut du dialogue [...] Il faut absolument dialoguer [...] et y aller de façon sincère, en étant de très bonne foi", a déclaré M. Tine.

"Le dialogue est très important. Il doit être au début et à la fin [...] Aujourd'hui, nous avons des crises et des impasses. La lucidité, c'est de s'asseoir et de trouver des solutions. Si chacun dit 'moi, je conserve le pouvoir par la force' ou 'moi, je vais conquérir le pouvoir par force', tout le monde perd", a averti le militant des droits de l'homme. "C'est la responsabilité des leaders politiques, notre responsabilité à nous aussi, de faire en sorte que ça ne puisse jamais arriver au Sénégal."

M. Tine, qui a une longue expérience des crises et des négociations politiques en Afrique, a parlé à l'APS des efforts qu'il fournit pour entretenir le dialogue entre l'opposition et le pouvoir au Sénégal. "J'ai demandé à voir Benno Bokk Yaakaar (la majorité présidentielle) à plusieurs reprises. Nous sommes prêts à aller voir les gens du pouvoir [...] Nous avons besoin de voir les gens du pouvoir, de discuter avec eux."

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"Nous avons envie de rencontrer l'opposition et le pouvoir [...] Nous sommes disponibles. Nous avons déjà rencontré les imams, les marabouts et l'archevêque de Dakar. Nous allons continuer les rencontres avec toutes les personnes susceptibles de pouvoir agir ou de faire en sorte que la raison et le dialogue prévalent dans ce pays", a assuré M. Tine.

"Palabrer, c'est aujourd'hui la voie du salut pour le Sénégal"

"Nous estimons que les problèmes de démocratie se règlent par le débat démocratique. Donc, il faut privilégier le débat démocratique. Jusqu'ici, très sincèrement, quand on regarde ce qui ressort du débat démocratique au Sénégal, on ne voit pas grand-chose", a commenté l'universitaire et militant des droits de l'homme.

Expert des crises en Afrique, de la partie occidentale notamment, il affirme que "la plupart des Etats [voisins] nous regardent et disent que nous sommes le miroir qu'il ne faut pas casser, le verrou de l'Afrique de l'Ouest qu'il ne faut pas faire sauter et la référence qu'il ne faut absolument pas abolir".

"Je rencontre beaucoup de gens en Afrique de l'Ouest, qui me disent que le Sénégal est le verrou qui ne doit pas sauter. Puisque nous sommes conscients que nous sommes [l'un des] pays stables de la sous-région, où règne encore la paix, où la démocratie existe encore, personne n'a le droit de mettre en péril cet héritage. Nous devons le transmettre intact et même dans les meilleures conditions", a déclaré M. Tine.

"Nous voulons que les leaders politiques épargnent le Sénégal de toute [chose qui puisse] mener vers l'aventure et l'effondrement [...] Je pense que le président de la République a le plus grand intérêt à ce que règnent la stabilité et la paix. Il a le plus grand intérêt à ce qu'on aille vers des élections transparentes, démocratiques et apaisées", a-t-il analysé.

Le fondateur d'Afrikajom Center, un centre international de formation et de recherche basé à Dakar, estime qu"'il revient aussi à l'opposition de calmer le jeu et de se préparer à une campagne électorale où il y a de la substance et de la vision", pour le scrutin présidentiel de 2024.

Il préconise "une campagne électorale qui montre le Sénégal comme un exemple à suivre en matière électorale", pour l'élection du président de la République prévue le 25 février 2024.

Au Sénégal, "les gens ne savent pas ce qu'est le conflit armé"

"Je pense que personne n'a le droit aujourd'hui de mettre en péril cette démocratie. Il faut qu'on utilise les ressorts les plus profonds et nos valeurs traditionnelles les plus profondes. Nous avons des valeurs extrêmement fortes [...] Palabrer, c'est aujourd'hui la voie du salut pour le Sénégal", a soutenu Alioune Tine.

"Macky Sall, ce n'est pas le diable, ce n'est pas non plus le bon Dieu. Il faut que les Sénégalais le sachent. Sonko n'est pas le diable. Il n'est pas non plus le bon Dieu", a-t-il commenté.

Il dit croire que "le jour où le président Macky Sall va dire à Ousmane Sonko 'jeune homme, j'ai besoin de toi', il ira le voir. Et ils vont discuter, prendre le thé et parler de ce qui ne va pas dans le pays".

"Il faut dialoguer [...] Les gens ne savent pas ce qu'est le conflit armé. Si vous êtes dans un conflit armé, vous n'avez pas d'administration, ni de justice. Vous pouvez avoir votre argent mais vous ne savez pas où dormir. Vous êtes dans votre voiture, on vous la prend [...] Donc, nous n'avons pas besoin de ça", a averti M. Tine.

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