Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, est attendu en Égypte ce samedi 18 mars. Cela pourrait ressembler à une banale visite ministérielle, mais pas du tout : l'Égypte et la Turquie sortent très progressivement d'une décennie de brouille, provoquée par la chute de Mohamed Morsi et l'accession d'Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir.
C'est au Qatar, dans les tribunes d'un stade à l'heure du coup d'envoi de la Coupe du monde de football, que la poignée de main a eu lieu, fin 2022. Le président égyptien Abel Fattah al-Sissi et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, affichaient leur réconciliation, après dix années de rupture.
En 2013, le militaire al-Sissi arrive au pouvoir en Égypte, en faisant chuter le président Mohamed Morsi, le seul chef d'État démocratiquement élu de l'histoire du pays. Feu Mohamed Morsi était un Frère musulman, mouvement islamiste transnational soutenu par la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.
Erdogan en Turquie, al-Sissi en Égypte : deux dirigeants autoritaires, mais dont les visions divergent sur de nombreux dossiers régionaux. Deux présidents à la tête de pays minés par les crises économiques, mais dont les échanges commerciaux se sont maintenus pendant la brouille.
Leur réconciliation s'inscrit aussi dans de vastes manoeuvres diplomatiques en cours, entre le rétablissement des relations diplomatiques Iran-Arabie saoudite et le rapprochement à pas comptés entre la Turquie et la Syrie de Bachar el-Assad.