Sénégal: Alioune Tine appelle ses Etats membres à 'repenser' la CEDEAO pour la rendre plus efficace

Dakar — Les pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) doivent "repenser" ladite organisation dans le but de la rendre plus efficace, a déclaré l'universitaire sénégalais et militant des droits de l'homme Alioune Tine.

"On l'a vu avec les problèmes au Mali [...] Nous soutenons toujours les décisions de la CEDEAO mais il semble qu'il faut repenser la CEDEAO [...] Elle ne peut pas rester un instrument à l'usage exclusif des chefs d'Etat", a déclaré M. Tine dans une interview avec l'APS.

"Il nous faut une commission exécutive de la CEDEAO qui puisse avoir une relative indépendance, qui soit efficace quand il y a des crises à résoudre", a dit le militant des droits de l'homme et expert indépendant des Nations unies.

Alioune Tine, doté d'une longue expérience des crises politiques de l'espace CEDEAO et de leur règlement, affirme que "les Etats se replient sur eux-mêmes en brandissant la question de la souveraineté pour essayer d'arrêter la CEDEAO ou d'affaiblir certaines de ses instances".

"La CEDEAO ne peut pas continuer à avoir un parlement dont les membres n'ont presque aucune influence sur elle. Ils ne peuvent même pas contrôler son budget", a-t-il relevé.

"Il nous faut des parlementaires plus efficaces face aux crises. Il nous faut aussi une CEDEAO des peuples", a souhaité M. Tine.

Il estime que le manque d'efficacité de l'organisation régionale résulte des pouvoirs exorbitants de ses Etats membres. "Il est évident que tant qu'on ne changera pas les présidentialismes exacerbés que nous avons, tout cela va poser des problèmes."

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"Nous sommes dans un tournant, aujourd'hui, sur le plan mondial, où la crise de la démocratie est générale. Par exemple, l'Europe n'a plus l'influence qu'elle avait [...] Il n'y a pas que la faiblesse de l'Union africaine et de la CEDEAO. Il y a également la faiblesse des Nations unies", a analysé Alioune Tine, fondateur d'Afrikajom Center, un centre international de formation et de recherche basé à Dakar.

"Donc, quand nous traversons une crise démocratique dans nos propres pays, il est évident que la CEDEAO ne peut pas rester intacte. La CEDEAO subit aussi les crises de la démocratie, de l'Etat de droit et du leadership politique que nous connaissons en Afrique", a-t-il souligné.

M. Tine signale par ailleurs que "presque tous les pays connaissent des problèmes liés à la limitation des mandats présidentiels", au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

"Il faut inscrire la limitation à deux des mandats" dans les textes juridiques de l'organisation régionale, a-t-il ajouté.

Créée en 1975, la CEDEAO est souvent considérée comme une organisation de référence en matière d'intégration régionale, notamment dans le domaine de la libre circulation des personnes et des biens. Elle réunit 15 pays, dont le Sénégal.

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