Afrique: Flavio Di Giacomo, Porte-parole de l'Oim Italie - ' Selon nos données, 80% des migrants africains restent en Afrique même

18 Mars 2023
interview

Après deux jours de plaidoyer auprès de journalistes européens et africains, les responsables de l'Organisation internationale pour les migrations, espèrent avoir bien relancer le dialogue pour une meilleure narration des migrations dans les médias. Car selon Flavio Di Giacomo, Porte-parole de Oim Italie, par exemple beaucoup ne savent pas que le plus grand flux migratoire des Africains restent à l'intérieur de l'Afrique. Donc il reste encore beaucoup à faire dans la sensibilisation de l'opinion des populations des pays concernés par le phénomène migratoire.

Pouvez-vous nous faire l'économie de cette conférence de l'organisation internationale pour les migrations à Rome ?

Cette conférence avait pour but de faire se rencontrer des journalistes européens et africains pour faciliter le dialogue des côtés de la Méditerranée, entre les deux continents, je dirais. A l'Oim, nous avons beaucoup travaillé avec les journalistes européens et africains, car nous avons remarqué en Italie, en Europe en ce qui concerne la migration, on ne parle que de chiffres, de naufrages par les arrivées par la mer, etc. On n'a pas vraiment connaissance du contexte social et économique des pays africains. Et de comment la migration est vue et perçue d'Afrique. Quand je dis au journalistes italiens, européens que la plupart des Africains migrent au sein du continent africain même; et selon des données de l'Oim 80% des migrants africains restent en Afrique même. Ils ne le savent pas, car ils croient que tous les Africains sont prêts à venir en Europe. Ce n'est pas le cas.

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Et nous avons également fait des rencontres en Afrique, au Sénégal, en Mauritanie, en Tunisie, au Niger, etc., nous avons bien vu qu'il y a un manque d'informations par rapport à ce qui passe avec les migrants africains une fois arrivés en Europe. Et là, savoir qui gère les migrants en Europe, quelles sont les lois qui s'appliquent à eux, qu'elle est la perception de la migration en Europe, qu'est-ce qui se passe en mer, avec les migrants qui n'ont pas pu être sauvés par les Ong et sont morts, etc. Nous avons qu'en Afrique également il n'y avait pas ou peu d'informations par rapport à ce qui advient aux migrants une fois en Europe.

Donc il faut lier ces narrations d'une manière plus globale d'un phénomène socio-géopolitique, du 21ème siècle et qui va le rester dans le monde pour ces années à venir. Donc les médias ont une responsabilité incroyable à jouer, pour faire comprendre, soit à l'opinion publique soit à l'autorité politique, ce qu'est la migration. Et pour que puissent commencer à se mettre en place des politiques plus ouvertes à la migration régulière. Car la migration est une ressource, soit pour le pays d'origine ou le pays de destination.

Avec le Gouvernement italien et l'Oim, le programme " Aware Migrants " a été lancé en 2016. Quel a été sont impact six après ?

C'est un programme qui a été lancé pour donner des informations correctes sur la migration irrégulière dans le désert, en mer, et surtout en Libye. Car nous savons qu'en Libye, il y a des migrants ouest-africains. Il y a des migrants qui viennent du sub-Sahara qui subissent des violences, des tortures, etc. Et c'est très d'avoir des chiffres sur les trafiquants, nous avons beaucoup travaillé sur les réseaux sociaux, les communautés locales en Afrique, on a eu beaucoup de témoignages de migrants arrivés en Europe pour savoir ce qui s'est passé. C'était un projet qui ne voulait pas dire : Ne partez pas ! Mais au moins, si vous devez partir, sachez comment est la migration irrégulière.

Après c'est un choix individuel pour la personne. A Lampedusa, j'ai rencontré des migrants qui se disaient déçus du traitement en Libye et qui admettaient qu'ils n'auraient jamais dû partir de leur pays. Cela veut qu'il faut informer les potentiels migrants sur les risques de la Libye et de la migration irrégulière. Mais il faut dire que ce n'est pas une initiative suffisante. Il faut, pour changer et contrer la migration irrégulière, des informations pour les potentiels migrants, mais également des attentes.

Les alternatives, c'est l'ouverture des voies légales aux migrants qui arrivent en Europe. Mais malheureusement il n'y a pas de voies légales maintenant, l'Europe est complètement fermée. Ce qui est un problème, pour les années à venir on aura besoin de migrants. Car l'Europe est face à une crise démographique énorme. Donc c'est important que l'Italie, l'Europe commencent à ouvrir les voies légales à la migration. Donc, sans voie légale je pense qu'il y aura toujours des personnes qui continueront de partir en risquant la vie et en donnant leur argent aux trafiquants. Donc il faut travailler à l'urgence. Donner une information est importante, mais il faut des politiques pour changer envers la migration, donc ouvrir les voies légales.

A l'Oim, avez-vous une idée du nombre de migrants en Italie ?

En Italie en général, il y a près de 5 millions de migrants qui vivent à travers le pays pour 60 millions d'habitants, soit 7% de la population globale. Ce sont en fait des migrants réguliers qui sont entrés par le passé dans le pays et qui contribuent pour 9% au Pib de l'Italie. Donc si les migrants réguliers quittent d'un moment à l'autre l'Italie, le pays va subir comme un pays qui aurait perdu une " Guerre mondiale ". Donc ils sont très importants pour l'économie du pays. Par exemple pendant la Covid-19, seulement les travailleurs " importants " devaient travailler pendant le confinement, et c'était pour l'essentiel des travailleurs migrants.

Envoyé Spécial à Rome

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