Paris — Le Maroc a pris, en amont, la mesure du danger de l'extrémisme violent, tant sur la rive sud que celle européenne de la Méditerranéenne, a indiqué Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), think tank basé à Paris.
La récente arrestation des auteurs présumés de l'homicide volontaire avec mutilation du corps d'un policier à Casablanca, qui sont affiliés à Daech, confirme, la très grande efficacité des services de sécurité et de police marocains, a fait observer l'expert français en géopolitique et géostratégie, dans une déclaration à la MAP.
Selon M. Dupuy, l'approche marocaine, à la fois holistique et multidimensionnelle, repose, en réalité, sur cinq piliers essentiels (religieux, sécuritaire et juridique, socio-économique, renforcement des droits de l'homme et de l'état de droit, coopération internationale).
Le pilier religieux, qui prend appui, notamment, sur la légitimité et centralité de la Commanderie des croyants, qui détermine la bonne gestion des affaires religieuses, ainsi que la protection du libre exercice des cultes, a-t-il expliqué.
S'attardant sur le pilier sécuritaire et juridique, dont la stratégie mise en place par le Maroc pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent qui menace non seulement le Maroc, mais toute la région du Maghreb et du Sahel, se base sur la prévention d'actes malveillants, la vigilance et la veille, M. Dupuy a relevé que cette approche proactive a permis d'anticiper d'éventuelles attaques terroristes et d'avorter plusieurs attentats contre la sécurité et la stabilité du pays.
Il en a résulté la refonte profonde de l'architecture de sécurité nationale, qui a été opérée afin de renforcer la gouvernance sécuritaire du Royaume, a-t-il indiqué, notant qu'à cet effet, le Maroc a mis sur pied le Bureau Central des Investigations Judiciaires (BCIJ) en Mars 2015, qui est en charge de la lutte contre le terrorisme.
L'efficacité de la lutte contre le terrorisme au Maroc s'appuie sur cet outil (BCIJ) qui est "unique", a-t-il dit, notant que celui-ci pourrait servir en l'occurrence de modèle de coopération. "Je crois que c'est un élément sur lequel on pourrait s'appuyer beaucoup plus en amont en Europe", a-t-il estimé.
Pour ce qui est du pilier socio-économique, l'expert a rappelé que la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent au Maroc passe aussi par la promotion d'un développement humain solidaire, de manière à mettre en place des filets sociaux forts qui renforcent la résilience des catégories vulnérables face à la radicalisation et empêchent la création de terreaux dont se nourrissent le terrorisme et l'extrémisme violent.
S'agissant du pilier du renforcement des droits de l'homme et de l'état de droit, le président de l'Institut prospective et sécurité en Europe a noté qu'avec une quarantaine d'articles consacrés aux droits de l'homme, la Constitution de 2011 constitue une "véritable Charte nationale des droits de l'homme".
"La norme suprême du Royaume du Maroc a fait entrer le pays dans un constitutionnalisme qui a permis l'appropriation nationale des principes de la protection et de la promotion des droits de l'homme, à travers la constitutionnalisation de nombreuses institutions et instances de protection des droits et des libertés fondamentales, de la bonne gouvernance, du développement humain et durable et de la démocratie participative", a-t-il fait remarquer.
L'expert a relevé également que le Royaume, pleinement conscient qu'aucun pays ne peut à lui seul venir à bout de l'extrémisme violent, privilégie la coopération internationale, à travers ses différentes déclinaisons notamment les coopérations triangulaires, la coopération nord-sud et la coopération sud-sud.
Le Maroc participe ainsi - sur les plans régionaux et internationaux - à la dissémination des bonnes pratiques et des leçons apprises développées sur les plans national, régional et international dans la lutte contre l'extrémisme violent, a-t-il souligné.