Ile Maurice: Un adolescent de 17 ans présumé séquestré en Iran - La famille prend les choses en main mais la rançon est confisquée par la MRA

Depuis le 22 février, cette famille de Baie-du-Tombeau dit être paralysée d'angoisse. Le père, un pêcheur, a reçu un message d'un inconnu lui annonçant que son fils est retenu en otage en Iran. Les ravisseurs lui ont réclamé une rançon de 900 000 dollars avant de réduire celle-ci à 100 000 dollars, soit Rs 4,7 millions.

Il y a deux semaines, les parents de l'adolescent se sont rendus au Central Criminal Investigation Department pour porter plainte. Mais devant les menaces des ravisseurs et l'inaction des autorités, ils ont décidé de prendre les choses en main. Avec l'aide des proches et des amis, ils ont pu réunir la somme réclamée. Sauf que samedi dernier, alors que le père et quatre de ses proches s'apprêtaient à s'embarquer dans un avion, des officiers de la Custom Anti-narcotic Section de la Mauritius Revenue Authority (MRA) les ont interceptés. Ils les ont interrogés avant de saisir l'argent. Depuis, la famille remue ciel et terre pour que l'argent lui soit restitué.

Selon les parents du jeune homme, ce dernier avait fait connaissance d'un Iranien qui était venu à Maurice, l'année dernière. "C'est un ami de la famille qui nous l'a présenté et il a ensuite habité chez nous pendant six jours. Mon fils et lui sont alors devenus de bons amis", explique le père.

En septembre 2022, son fils se rend à Dubaï, après que son ami l'a invité au mariage de son fils. La famille ne s'est pas opposée à ce déplacement. "Il était très emballé. A son arrivée à Dubaï, il nous a fait un appel vidéo pour nous montrer où il était." L'adolescent devait rentrer à Maurice en décembre. Mais au fil du temps, ses parents constatent un changement dans son attitude. Il devient distant et les appels commencent à se faire rares, avant qu'il n'annonce à ses parents qu'il doit se rendre en Iran avec ceux qui l'hébergeaient à Dubaï. "Il m'a dit qu'un problème est survenu lors du mariage et qu'ils devaient tous se rendre en Iran. C'est son ami qui se chargerait des dépenses pour le séjour en Iran", confie l'habitant de Baie-du-Tombeau.

Alors que le jeune homme est en Iran, les jours passent et l'inquiétude commence à gagner les parents. Jusqu'à ce qu'ils reçoivent un message de l'ami de leur fils, les informant qu'il tient le jeune homme en otage. "Ils ont demandé 900 000 dollars mais nous avons réussi à négocier. La réclamation a été réduite à 600 000 dollars, puis ils l'ont encore baissée jusqu'à 100 000 dollars. Depuis le 22 février, ils nous envoient des vidéos tous les jours dans lesquelles ils sont en train de torturer notre fils. Un jour ils ont envoyé une photo montrant qu'ils lui ont coupé un doigt, puis une autre où ils lui ont coupé l'oreille", raconte le père en larmes.

Après avoir consulté ses proches et ses amis, le pêcheur a réussi à réunir la somme de Rs 4,7 millions. Il aurait eu la somme de Rs 2,2 millions d'une vingtaine de personnes qui lui auraient prêté entre Rs 100 000 et Rs 200 000 et l'une d'entre elles lui aurait remis Rs 1,2 million. Alors qu'une cinquantaine d'autres lui auraient prêté la somme restante.

Après avoir réuni l'argent de la rançon, les parents décident d'informer la police et Interpol, selon le père. Mais devant l'inaction des autorités, la famille décide de prendre les choses en main. "Tou lezour mo gagn bann video cot zot pe martyrise mo zenfan, ou croir mo kapav assize pa fer narnye. Mo nepli dormi, mo nepli manze", lâche-t-il. Il a aussi tenté à plusieurs reprises de prendre contact avec l'ami de son fils, sans succès. "J'ai fait toutes les démarches possibles. Personne n'a pu me venir en aide, ni le ministère, ni la police, ni Interpol où on m'a expliqué que c'est un pays dangereux et qu'ils ne pourront pas m'aider", soutient l'habitant de Baie-du- Tombeau. Il soupçonne qu'un Mauricien fait partie des ravisseurs. Il décide donc, en compagnie de ses proches, de prendre l'avion pour Dubaï, où les ravisseurs lui ont donné rendez-vous dans un magasin appelé Dallaho. "Ils m'ont donné le nom d'un magasin où je devais déposer l'argent et ils allaient par la suite me retourner mon fils sain et sauf." Mais tout ne se passera pas comme prévu. Au moment d'embarquer pour Dubaï, ils sont arrêtés par des officiers de la Custom Anti-narcotic Section de la MRA.

Lundi, après de nouvelles négociations avec les ravisseurs, le père s'est rendu au bureau de la MRA pour demander que l'argent lui soit restitué. "Lundi zot ti redonn moi rendez vous. Zot dir mo pe zoue ek zot. Ziska zordi mo pa pe reussi gagn larzan-la." Il est de nouveau retourné à la MRA, mardi, mais a récolté un nouveau refus. Ce père de famille explique que les ravisseurs de son fils, qui ne sont nul autre que l'ami qu'il avait hébergé et ses deux fils, ne cessent de l'appeler afin qu'il vienne payer la rançon. "A sak fwa ki zot appel moi zot montre moi ki zot pe coup mo zenfan. Mo latet fatigue. Eski zot pou avoy moi enn video cot zot pe coup latet mo zenfan ? Zot inn dir moi zot pou fann so disan dan Pakistan", déclare-t-il.

L'ambassade d'Iran pas au courant du kidnapping

Le chargé d'affaires de la République islamique d'Iran, basé à Madagascar, Hassan Ali Bakshi, dit avoir appris l'information à travers les médias et que ni l'ambassade, ni les autorités iraniennes n'ont été informées de cet incident. "Il faut préciser que nous avons immédiatement pris contact avec les autorités compétentes, mauriciennes afin de recevoir des informations officielles et crédibles après la diffusion de l'affaire", répond le chargé d'affaires qui dit souhaiter que la véracité de ces informations soit confirmée dans un premier temps entre les parties concernées afin d'éviter une diffamation à l'encontre d'un pays étranger.

Quant au ministre Mahen Seeruttun, qui assume la suppléance au ministère des Affaires étrangères, il dit avoir eu une rencontre avec les parents du jeune homme et suit cette affaire de très près avec ses homologues en Iran et au Pakistan. De source policière, on explique que le jeune homme aurait été capturé par des Iraniens qui le soupçonnent d'avoir voler un colis de drogue. La police n'écarte aucune piste, car dans le milieu des trafiquants, il est aussi coutume de faire croire à son propre rapt, un moyen de soutirer de l'argent.

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